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7 novembre 2009 6 07 /11 /novembre /2009 15:11

Après en avoir beaucoup parlé, voici des photos des drones américains MQ9 Reaper basés aux Seychelles. Ils seront au nombre de trois, a précisé le commandement Africom lors d'une présentation à la presse. Le premier drone a été activé dans l'archipel le 25 octobre (lire les drones US arrivent). « Avec ce déploiement, le signal est clair : aucune activité criminelle ne sera indétectable » a expliqué Joel Morgan, le ministre des Transports et la Pêche, qui préside le Comité de Haut niveau sur la lutte contre la piraterie.  

La première tâche confiée à ces drônes, en effet, outre la surveillance classique de l'Océan indien, la prise de photos de bateaux suspects ou autres, sera de pouvoir repérer une éventuelle base, mobile ou fixe, provisoire ou permanente, des pirates dans les iles des Seychelles ou alentours. « L'utilisation d'un tel outil de technologie sophistiquée est cruciale dans notre guerre totale contre la piraterie pour contrôler et protéger une aussi vaste zone que les océans ».

Une guerre contre la piraterie

L'archipel — qui compte 115 iles et 1,3 km2 de zone économique exclusive — est, en effet, frappé de plein fouet par la piraterie (1)« Nous sommes menacés à la fois par des actes physiques, en prenant des navires en otage dans notre zone économique exclusive et par l'impact économique de la piraterie sur le secteur maritime (marine marchande, pêches, croisières et industries des super yachts) » explique Joël Morgan. Pour lui, c'est donc une véritable "guerre" qui se mène contre la piraterie. Et cette lutte doit se mener sur plusieurs plans : « diplomatie, capacités militaires, surveillance, partage d'informations, ressources financières et humaines ». 

Un "hub" de la lutte contre la piraterie

Les Seychelles ont appelé depuis plusieurs mois la communauté internationale à la rescousse. Et il y a du répondant. C'est effectivement aux Seychelles que les Européens d'Atalanta ont basé leurs avions de patrouille maritimes fournis par le Luxembourg, les Français leurs équipes de protection embarquées à bord de thoniers (français), rejoints déjà désormais par des privés de Minimal Risk qui protègent les thoniers basques (battant pavillon des Seychelles, l'archipel ayant autorisé le déploiement de gardes privés à bord des navires). Plusieurs forces — « USA, EUNAVFOR, OTAN, Inde, France Russie, Royaume-Uni et d'autres » assurent aussi des patrouilles maritimes autour de l'archipel. L'ambition est de faire des Seychelles un « hub de la surveillance anti-piraterie et des actions anti-pirates » considère Joël Morgan.

Plusieurs accords Sofa signés ou en cours

Des négociations ont abouti à la signature de plusieurs SOFA (Status of Forces Agreement ou accords de protection des forces) : avec les Etats-Unis (en juillet 2009, un accord qui doit être ratifié dans les jours qui viennent par l'assemblée seychelloise), avec la France (en septembre 2009, pour la présence des Equipes de protection embarquées à bord des bateaux de pêche), et avec l'Union européenne (le texte est prêt, le principe de la signature également du coté de l'UE mais il reste encore quelques difficultés à résoudre - notamment au plan du soutien financier de l'UE -, j'y reviendrai). Des discussions sont également menées avec l'OTAN pour un accord similaire. Un MoU (Memorandum of Understanding) a également été signé avec le Royaume-Uni.

Démonstration de force US

Les drones basés aux Seychelles sont désarmés. Mais « cette possibilité existe » précise le commandement US en Afrique (Africom). Pour l'armée américaine, cette base « provisoire » est une démonstration, à la fois de la présence américaine en Afrique et de sa volonté de resserrer les liens avec les Etats africains et les organisations de la région mais aussi de « l'efficacité de l'utilisation des drones dans la surveillance des côtes et des mers ».

  • Caractéristiques
  • Le MQ-9 Reaper est un drone de moyenne à haute altitude équipé d'un moteur turbopropulsé Honeywell TPE331-10GD. Long de 11 mètres, haut de 3,8 mètres et avec une envergure d'ailes de 20 mètres, il peut atteindre une vitesse de croisière de 200 noeuds/heure (370 km/h), une hauteur de 15240 mètres. Il a un rayon d'action de 3200 miles nautiques (soit environ 6000 km). Il est piloté à distance par deux personnes : le pilote et l'opérateur, basés dans une station de contrôle au sol (GCS). Il est équipé de senseurs "robustes", couleur/monochrome et infrarouge, pouvant produire aussi des séries image par image ou en vidéo. Le dispositif laser incorporé permet de fournir de façon précise les coordonnées géographiques.

 

(1) L'impact économique de l'arrivée des pirates autour de l'archipel est notable. Les Seychelles vivent essentiellement de la pêche (25% de la population active travaille dans la pêche) et du tourisme (15% de l'activité économique et 75% des échanges extérieurs).

La conserverie locale est une des deuxièmes au monde en termes de production de thon. Depuis l'arrivée des pirates dans la zone, son activité a baissé de moitié (de 450 tonnes par jour environ à 260 Tonnes par jour selon son directeur italien que j'avais rencontré sur place courant octobre).

Quant à l'activité maritime, elle a baissé de 30%, selon Joel Morgan (chiffre donné lors de notre rencontre en octobre à Victoria). Pour les navires de croisière, plus spécifiquement, qui faisaient relâche dans l'île, cette activité aurait chuté : de un par semaine à un par mois, selon un autre témoignage recueilli sur place.

L'ile, qui avait également développé une activité de "banque offshore", a également été frappée durement par la crise financière mondiale, d'autant plus que la notion de "paradis fiscal" n'est plus aujourd'hui très en vogue au niveau international et est un point de crispation avec l'UE.

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6 novembre 2009 5 06 /11 /novembre /2009 08:11
C'est ce qu'on pourrait dire un huissier solennellement le 1er décembre, le jour de l'entrée en vigueur du Traité de Lisbonne.

Celui-ci fait, en effet, disparaître la "Communauté européenne" et ne laisse à la place que l'Union européenne qui, du coup, acquiert une pleine "personnalité juridique" (1). Après la disparition du "Marché commun", de la "Communauté européenne du Charbon et de l'Acier", c'est un nouveau symbole de "l'Europe de Papa" - l'Europe des années 1950 - qui disparaît.

Un changement délicat juridiquement
. Ce changement a une première conséquence : il va falloir très rapidement le signifier à tous les partenaires avec qui la Communauté européenne a signé un accord international. Ce qui est, de fait, une succession entre deux organisations internationales. Plusieurs centaines d'accords sont concernés. Simple en apparence, cette disposition recèle une vraie difficulté, d'ordre pratique et juridique : il faut éviter toute interruption dans l'application des accords internationaux, dans les droits et obligations auxquels la CE se trouvait engagée. Mais une telle information ne peut se faire que quand le processus de ratification du Traité de Lisbonne est clos.

Trouvaille pratique. La solution trouvée par les juristes habiles du Conseil : toutes « les notifications devront être faites après le dépôt du dernier instrument de ratification mais avant l'entrée en vigueur du Traité », selon la note qui a été diffusée aux délégations des Etats membres. Donc entre le 13 novembre (Jan Fisher, le Premier ministre tchèque, a affirmé qu'il accomplirait cette formalité directement à Rome, vendredi prochain) et le 30 novembre (le Traité entrant en vigueur, selon les dispositions inscrites le "1er du mois suivant le dépôt du dernier instrument de ratification", donc le 1er décembre. Une lettre type d'information des Etats ou organisations avec lequel la CE est partie a été adoptée.

Conséquence indirecte pour la PESD. A noter que ce changement ne concerne pas directement la plupart des accords passés avec les Etats tiers pour les opérations de la PESD (association d'Etats tiers aux opérations ou missions de l'UE, accord de protection de force SOFA ou de mission SOMA, accord de transfert de suspect - pour l'opération Atalanta), ceux-ci ayant déjà été signés au nom de l'Union européenne. En revanche, il concerne tous les accords ou dispositifs de soutien négociés par la Commission européenne (développement, aide humanitaire, partenariat économique...) et des accords "fondateurs" comme ceux signés avec les pays ACP (pays en développement Afrique Caraïbes Pacifique) ou avec l'OMC (Organisation mondiale du commerce). A terme, il va faciliter la négociation de certains accords, puisqu'il n'y aura plus qu'une seule personnalité juridique pour la structure européenne.

(1) On a beaucoup glosé sur cette personnalité juridique, "novation" du Traité de Lisbonne. A mon sens, la novation est beaucoup moins importante qu'il y paraît et ressort davantage de la rationalisation et renforcement que du bouleversement. L'UE a déjà signé des accords internationaux en tant que telle (notamment pour la PESD).
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6 novembre 2009 5 06 /11 /novembre /2009 08:04

La Coopération structurée permanente (CSP) en matière de défense, prévue par le Traité de Lisbonne (1), ne sera pas mise en oeuvre tout de suite. Prévue pour donner une certaine consistance aux Etats disposés à aller de l’avant dans la défense européenne, dans la foulée de la déclaration franco-britannique de St Malo - sorte de noyau dur de l'Europe de la défense - cette disposition semble aujourd’hui un peu laissée de cotée. Et surtout compliquée à mettre en œuvre. Que doit-elle faire ? Qui en sera membre ?

Complexe, difficile, dépassée ? Le général Bentegeat, qui présidait son dernier comité militaire, mercredi, l'a reconnu devant la presse quand je lui ai posé la question. « C’est un sujet complexe et difficile. Il n’y aucune urgence à le mettre en place tout de suite. Il faut laisser la présidence espagnole lancer son propre programme maintenant. Je ne suis pas sûr que ce projet puisse être appliqué dans sa forme prévue initialement. Depuis 2001, beaucoup de choses ont changé. Notamment l’Agence européenne de defense a été mise en place. »

Toute la question est de savoir quelles tâches cette coopération pourrait remplir et surtout - comme l'explique le général « quels critères adopter pour déterminer les pays qui en seront membres ». « Ce ne doit être en aucun cas un processus qui conduise à l’exclusion de certains Etats européens » ajoute-t-il.

De fait, dans les couloirs du Conseil, alors que de multiples decisions se préparent, aucune ne concerne la Coopération structurée. Personne ne semble très pressé de s'engager dans un nouveau "machin". On attend les présidences suivantes : Espagnole, Belge, voire Polonaise (qui a décidé de faire de l'Europe de la Défense une de ses priorités).

Il est urgent d'attendre. Il est vrai que la PESD aujourd'hui, 10 ans après sa création, offre déjà de nombreuses possibilités de coopérations renforcées. De façon assez souple, chacun participe aux opérations (s'il en a envie et avec les moyens qu'il souhaite) ou aux projets industriels - via l'Agence européenne de défense ou des dispositifs ad hoc... Et ces coopérations "à la carte" ne regroupent pas systématiquement les mêmes Etats membres. Voire même jamais.

Certes la France ou la Belgique se retrouvent dans quasiment toutes les actions de la PESD. Mais ce n'est pas une règle, et cela ne suffit pas à constituer un noyau consistant pour la Coopération renforcée permanente. Et cela conduit à l'exclusion de certains. Alors... il est urgent d'attendre.

NB : Ce qui, au passage, n'est pas tout à fait en règle avec le Traité de Lisbonne qui prévoit une entrée en vigueur de la CSP "dès l'entrée en vigueur du Traité de Lisbonne".

(1) Ce nouveau dispositif est établi à l'article 42 du nouveau Traité de façon assez laconique : «Les États membres qui remplissent des critères plus élevés de capacités militaires et qui ont souscrit des engagements plus contraignants en la matière en vue des missions les plus exigeantes, établissent une coopération structurée permanente dans le cadre de l'Union » Les modalités de déclenchement de la coopération renforcée sont détaillés à l'article 46 et dans un protocole (le protocole n°10)

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6 novembre 2009 5 06 /11 /novembre /2009 06:52
Le dernier instrument de ratification du Traité de Lisbonne (le Tchèque) sera déposé personnellement par le Premier ministre tchèque, Jan Fischer, lors de son voyage à Rome, le 13 novembre, profitant ainsi d'une visite au Vatican. Est-ce que le Premier ministre - qui a contresigné mardi 3 novembre, la ratification du président Klaus -, a peur que la lettre se perde en route dans l'administation tchèque ? Ou, plus classiquement, entend-il ainsi marquer, personnellement et médiatiquement, le travail mené par le gouvernement tchèque dans cette ratification. Commencera alors une véritable course contre la montre au niveau européen ; pour adopter et adapter toute une série d'instruments législatifs et réglementaires des nouvelles institutions (voir la CE est morte, vive l'UE). Toutes les décisions ne sont pas encore prises, notamment concernant le règlement du Conseil européen (une nouvelle institution qui doit encore prendre ses marques).
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5 novembre 2009 4 05 /11 /novembre /2009 23:26
La nouvelle est tombée ce jeudi, par le porte-parole du gouvernement sud-africain, Maseko, à l'issue de la réunion du Conseil des ministres. L'Afrique du sud annule sa commande de huit Airbus A400M. La raison : le retard de livraison et l'escalade des coûts. Ceux-ci auraient quasiment triplé passant de 17 milliards de rand (1,48 milliards d'euros) à 40 milliards de Rand (3,5 milliards) *. Le gouvernement espère récupérer 2,9 milliards de rand (175 millions d'euros) versées par avance. Mais il n'aurait pas à verser de pénalités d'annulation vu le dépassement des délais. Les restrictions budgétaires ont eu raison de nécessités stratégiques et politiques. Ce faisant le porte-parole du gouvernement sud-africain n'a pas caché que l'armée va devoir maintenant réétudier ses besoins de capacité aérienne et que cette annulation pourrait compromettre certaines opérations de paix de l'Afrique du sud sur le continent africain.

(*) A cela sans doute aussi une raison, la réévaluation de l'euro sur le cours mondial qui a renchéri le coût de l'avion pour les pays hors de la zone euro. Les Britanniques sont confrontés au même problème. Une partie des coûts étant libellée en $ mais une autre partie en euros.
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5 novembre 2009 4 05 /11 /novembre /2009 20:16
C'est en quelque sorte la première nomination du futur Service diplomatique extérieur. Après moultes tergiversations, c'est finalement la Française Claude-France Arnould qui a été choisie pour prendre la tête de la toute nouvelle "direction de planification civilo-militaire" (CMPD) au sein du Secrétariat du Conseil. Cette nomination doit encore être officialisée rapidement. Mais elle ne fait désormais plus de doute. Javier Solana, l'actuel Haut représentant, l'a adoubé (avec l'accord des Etats membres). C'est un point important à plusieurs titres.

Une triple innovation. La nouvelle direction va être intégrée, dès le début normalement, au nouveau Service diplomatique extérieur créé par le Traité de Lisbonne. Elle sera un élément-clé de la future gestion de crises européenne. C'est
une innovation majeure : mixer militaires et civils dans une même direction ne sera pas automatiquement facile (ne serait-ce que pour les modalités de choix des nouveaux membres et l'organigramme de la direction) et peu d'Etats se sont hasardés à pareil "mixité".

Cette nomination a pris un peu de temps car il y avait discusions entre les Etats membres sur le choix du meilleur candidat. A dire vrai, c'était surtout une dissension franco-allemande (l'ambassadeur allemand au COPS était également candidat) et un peu britannique, qui pesait sur cette nomination dans les couloirs depuis plusieurs mois déjà (Son adjoint, un Italien, est connu depuis mai...).

Diplomate de carrière, Claude-France Arnould est actuellement directrice pour les questions de défense au Secrétariat général du Conseil de l’Union européenne depuis 2001. Elle a été directrice des Affaires internationales et stratégiques au Secrétariat général de la défense nationale (SGDN), en France, de 1998 à 2001 puis Premier conseiller à l’Ambassade en Allemagne de 1994 à 1998. Auparavant, elle avait démarré comme conseillère technique auprès du ministre délégué chargé des Affaires européennes en 1986 (Bernard Bosson dans le gouvernement Chirac), et fut
ensuite Secrétaire général de l’École nationale d’administration (ENA) de 1987 à 1989.
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5 novembre 2009 4 05 /11 /novembre /2009 17:59
Un navire grec MV Delvina (battant pavillon des Iles Marshall) vient d'être capturé, jeudi, dans le bassin somalien, annonce le QG d'Atalanta. Ce vraquier de 53.629 tonnes a un équipage de 21 personnes (7 Ukrainiens et 14 Philippins).  Le navire allait vers Zanzibar et a été attrapé à 300 miles au sud-est de Mombasa (09 sud et 45 Est), donc pas très loin très loin du canal de Mozambique. Une zone moins couverte par les navires de la flotte internationale anti-pirates. Ceux-ci avaient eux fort à faire, déjouant deux attaques, qui sont intervenues plus au nord.

Intervention du Bremen (EUNAVFOR). Quelques heures auparavant, un cargo battant pavillon libérien, le
MV BBC Thames, avait signalé être attaqué. La frégate allemande d'EUNAVFOR Atalanta avait été alertée et son hélicoptère survolait la zone. Les attaquants tentèrent alors de fuir, selon ce qu'en rapporte le QG d'Atalanta, Mais l'hélicoptère repéra vite un skiff dans la zone. Sur un signe des militaires, le skiff stoppa. Un navire de visite du Bremen trouva alors à bord armes, munitions et grenades RPG qui furent saisies. Mais les pirates ont été laissés en liberté.

Intervention du Gediz (OTAN). Aux petites heures de la matinée, un autre navire grec, le "Theoforos", un vraquier battant pavillon panaméen, avait essuyé une attaque, avec coups de feu de pirates et tirs de RPG, dans une autre zone, le Golfe d'Aden, à 70 miles des côtes, dans le couloir de sécurité international. Il a pu s'échapper, notamment grâce à l'intervention rapide de l'hélicoptère de la frégate turque Gediz (F-495, membre du SNMG2 de l'OTAN)  est intervenu, tirant des coups de semonce. 5 pirates ont été capturés selon l'Etat-Major turc. Et plusieurs armes saisies : 1 lance-roquettes RPG-7-roquettes, 3 AK-47 armes Kalashnikov, 1 fusil ainsi que des munitions et 3 bidons d'essence. (photo : armée turque)

NB : Cette dernière intervention, et sa médiatisation coté turc, n'est pas anodine au plan politique, dans le contexte de tension larvée qui a sévi ces dernières semaines entre la Grèce et la Turquie et
l'arrivée d'un nouveau gouvernement du PASOK. Les prochains jours seront à observer avec attention notamment avec les tentatives pour renouer un dialogue plus approfondi entre Athènes et Ankara.
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5 novembre 2009 4 05 /11 /novembre /2009 08:45

L'heure du bilan d'un an arrive pour l'opération européenne anti-piraterie EUNAVFOR Atalanta qui sera, certainement, reconduite pour une année supplémentaire, "jusqu'à décembre 2010", par les Ministres des Affaires étrangères et de la Défense, réunis à Bruxelles à la mi-novembre. Le groupe politico-militaire vient d'en résumer les principaux points. La plupart sont connus des lecteurs de ce blog. Mais certains éléments (coopération avec le Puntland, possible participation de nouveaux Etats tiers, suivi des suspects faits prisonniers...) sont intéressants. 

Effectifs. Actuellement 22 Etats (20 membres de l'UE et 2 Etats tiers) participent à l'opération et sont représentés soit au QG d'opération (OHQ) de Northwood (Royaume-Uni), soit au QG de Force (FHQ) sur mer (Océan indien). Parmi eux, 11 Etats (Belgique, France, Allemagne, Grèce, Italie, Luxembourg, Pays-Bas, Espagne, Suède, Royaume-Uni)
dont un non membre de l'UE (Norvège) ont envoyé des moyens sur place (1). 9 navires sont actuellement "sur zone" et 2000 hommes et femmes déployées à bord des navires et avions de patrouille maritime. Mais, depuis décembre 2008 (début d'Atalanta), ce sont 33 navires de guerre (frégates et corvettes), 4 navires ravitailleurs et 5 avions de patrouille maritime ont participé à l'opération. Au niveau des futures participations, Atalanta confirme avoir envoyé une invitation formelle à l'Afrique du Sud et maintenir des contacts étroits avec l'Australie et la Nouvelle-Zélande. L'opération se déroule en lien étroit avec la CTF 151 (USA et autres Etats) et la mission de l'OTAN (CTF 508) (NB : notamment à travers l'accès au chat sécurisé). Une coopération s'est également établie avec la plupart des Etats présents dans la zone avec des forces navales et/ou riverains : Chine, Russie, Arabie Saoudite, Japon, Malaisie, Yemen, Oman, Egypte et Seychelles.

Succès pour l'escorte du PAM. Au 1er octobre, EUNAVFOR avait escorté 49 navires du Programme alimentaire mondial, soit 307.000 tonnes de nourriture permettant de nourrir plus de 1,6 Somalis, selon l'Union européenne. Une "tâche assurée avec un taux de réussite à 100%" explique le document. Elle a également assuré un soutien à l'opération de l'ONU/UA en Somalie (AMISOM) en assurant l'escorte de 6 navires de l'AMISOM. Une tâche qui devrait se développer dans l'avenir, l'ONU ayant décidé d'augmenter son soutien logistique à l'AMISOM. Concernant les navires marchands, la mise en place du couloir de transit recommandé international (IRTC), et le dispositif des groupes de transit (avec escorte de navires marchands prise en charge par chaque navire des forces internationales à tour de rôle, et division de la zone en "box" géographiques permettant d'assurer une meilleure couverture), largement impulsé par l'opération européenne, a permis de sécuriser la zone.


L'arrestation et traduction de pirates. C'est un des points innovants de l'opération européenne (par rapport aux autres interventions). Un accord de transfert a été passé avec le Kenya et un autre avec les Seychelles. Une aide de 1,75 millions d'euros a été fournie au Kenya pour soutenir son secteur judiciaire (2). "Les discussions continuent avec les autres pays de la région pour établir d'autres arrangements de transfert et poursuite des pirates suspects". Au niveau du bilan, "70 suspects ont été capturés, 68 transférés au Kenya, 2 en Espagne", selon le bilan Atalanta (mon bilan est légèrement différent car il prend en compte aussi les pirates capturés en opération Atalanta mais transférés, ensuite, sous pavillon national : Seychelles avant l'accord, et Puntland-Somalie par arrangement tacite de la France, voir la page actualisée).
Concernant les procédures suivies, "des instructions spécifiques ont été données pour le traitement de ceux qui sont détenus à bord". Et, au Kenya, un suivi des personnes transférés a été effectué. "A la demande d'Atalanta, la Croix-Rouge kenyane et une ONG locale ont visité les prisonniers"

La réduction de la piraterie, Puntland et Somaliland. Les militaires européens restent réalistes. L'opération Atalanta "ne va pas résoudre le problème de la piraterie". Ils
rappellent aussi, non sans raison, que la zone couverte (Golfe d'Aden, sud de la Mer rouge, une partie de l'Océan indien jusqu'aux Seychelles) représente l'équivalent de la Méditerranée. "L'éradication de la piraterie dans la région ne pourra être réalisée seulement avec la stabilisation de la Somalie." C'est tout l'enjeu de "l'approche globale" que poursuit actuellement l'UE couvrant aussi bien "les aspects humanitaire, développement, de sécurité et politique" comme le soutien européen au gouvernement fédéral de transition de Somalie (GFT), maintes fois réaffirmé (3). Pour la première fois, noir sur blanc, l'UE reconnaît avoir établi des contacts (je pourrais ajouter : réguliers) avec les régions autonomes du Puntland et du Somaliland, "en toute transparence avec le GFT" (Une des pistes suivies, en effet, par l'UE consisterait à soutenir la stabilité dans ces deux régions qui semblent plus facilement aptes également à organiser la lutte anti-piraterie).

(1)
NB : 11 autres ont des effectifs en personnel plus limités souvent à l'Etat-Major (Bulgarie, Chypre, Finlande, Hongrie, Irlande, Lettonie, Malte, Pologne, Roumanie, Slovénie et Croatie*)

(2) NB : L'octroi d'une aide - 800.000 euros - pour les Seychelles semble toujours en cours et difficile à conclure selon d'autres éléments qui me sont parvenus.

(3) Dans son document programmatique sur la Somalie, la Commission européenne a prévu une somme de 215,8 millions d'euros pour la Somalie au titre du Fonds européen du Développement. Somme à laquelle il faut ajouter 45 millions d'euros versée cette année pour l'aide humanitaire (estimation pour 2009). Au niveau politique, Javier Solana a reçu récemment le Premier ministre de Somalie pour lui réaffirmer le soutien de l'UE (télécharger la déclaration).

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4 novembre 2009 3 04 /11 /novembre /2009 10:43
Après l'attaque de deux navires, mardi, un hélicoptère de la frégate allemande, Karlsruhe, guidé par un avion de patrouille maritime, a pu localiser un bateau suspect. Un bateau de visite s'est alors approché du skiff. Mais avant d'aborder, les marins allemands ont pu observer que "les personnes à bord balançaient par-dessus bord différents objets" selon un communiqué du QG d'Atalanta. 4 hommes ont été arrêtés et interrogés. Ils ont proclamé qu'ils étaient "des pêcheurs". Mais "aucun objet de pêche ni aucune arme n'a été trouvé à bord" explique le communiqué. Le doute était cependant permis. Puisque certains objets relevant de l'attirail de pirates ont pu être saisis. Après un interrogatoire approfondi, les quatre hommes ont été relâchés.
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4 novembre 2009 3 04 /11 /novembre /2009 07:45
Tout s'accélère au niveau européen. Alors que la Constitution puis le Traité de Lisbonne ont traîné dans leur ratification plusieurs années, avec maints rebondissements (les "Non" successifs français, néerlandais, irlandais), les 27 sont aujourd'hui décidés à "mettre la gomme" pour permettre aux nouvelles institutions européennes de se mettre en place aussi vite que possible. La Commission européenne ne peut pas, en effet, rester en "gestion d'affaires courantes" durant plusieurs mois.

Un travail effectué en coulisses... La Commission européenne a modifié son règlement intérieur la semaine dernière. Le Parlement européen s'apprête à le faire (le comité des affaires constitutionnelles a adopté le projet de modifications). Et le Conseil a modifié divers instruments d'organisation (cf. la présidence des comités). Il doit encore adopter le règlement du Conseil européen. Le 11 novembre, la commissaire Margot Wallström présentera les modalités d'application du référendum d'initiative citoyenne. Mais il manquait encore la formalité suprême : la dernière ratification. Après l'accord obtenu au sommet européen, la ratification tchèque devait être une formalité. Mais chacun était méfiant par rapport à une surprise de dernière minute. Il n'en a rien été. Au contraire, tout a été rapidement.

Une ratification tchèque expresse. L'arrêt de la Cour constitutionnelle tchèque, qui rejette le recours des plaignants, a été connu aux premières heures de la matinée. Et à 15h, le président tchèque Vaclav Klaus annonçait à la télévision avoir apposé sa signature sur le Traité de Lisbonne. Il suffit que cette ratification - avec la contre-signature du Premier ministre - soit reçue à Rome dans les temps (avant le 30 novembre) pour que le Traité soit pleinement applicable dès le 1er décembre. Mais d'ores-et-déjà, les leaders européens poussent un "Ouf" de soulagement ! Et tout le travail accompli ces dernières semaines va pouvoir être finalisé et officialisé.


Les nominations.
Un sommet extraordinaire va pouvoir être convoqué, très rapidement, dans les jours qui viennent, pour finaliser toutes les nominations. La plupart des pays ont déjà désigné leur représentant à la Commission européenne (lire la page actualisée). Il ne manque plus que quelques pays à ne pas l'avoir fait (Irlande, Pays-Bas, Royaume-Uni, Suède République Tchèque, Hongrie, Roumanie) soit par calcul tactique (en piste pour le Haut représentant), soit par difficulté politique interne. Mais il reste surtout deux inconnues principales : Qui sera le président du Conseil européen ? Qui sera le Haut Représentant ? La présidence suédoise consulte donc à tout bras, "confesse", dans le langage européen", demandant à chaque Etat membre de désigner leur candidat et un second nom (solution de repli) et espère arriver à une proposition consensuelle : "ce n'est qu'à ce moment que le Sommet sera convoqué" explique un expert européen. "Mais pour l'instant on n'est pas arrivé au point de consensus".

Les tickets dirigeants en course. Pour l'instant, le ticket Van Rompuy / Miliband a la cote à Bruxelles, le premier comme président du Conseil européen, le second comme Haut représentant.
Ce "couple" a un avantage : être équilibré au plan linguistique comme politique et géographique et semble recueillir une majorité de suffrages. Mais cela se heurte à une impasse : sont-ils d'accord et qui peut les remplacer au plan national ? Assurément le problème le plus complexe est en Belgique. Herman Van Rompuy était arrivé à la tête du gouvernement belge après une période de latence et de remous (la démission du gouvernement Leterme, les accusations d'ingérence dans le dossier Fortis de plusieurs responsables ministériels et les problèmes communautaires francophones / flamands aiguisés). Quelques mois après, tout s'est apaisé. Et le remplacement de celui qui s'estimait "tout sauf indispensable" avant sa nomination, ne paraît pas évident. Déjà, plusieurs partis évoquent, s'il part, la possibilité d'élections anticipées. Du coté de l'intéressé, on reste très laconique, "pas de commentaire", précisent ses proches, indiquant ainsi dans le langage "vanrompuyien" que l'intéressé penche très sérieusement vers la porte de sortie européenne. (*) Au Royaume-Uni, la problématique est différente mais identique. Partir à Bruxelles n'a jamais été considéré par les Britanniques comme une promotion. David Miliband promis à un destin brillant de chef du parti travailliste, voire de Premier ministre pour quelques semaines avant les élections, acceptera-t-il cette "entrée au couvent européen". En même temps, partir dans l'opposition pour au moins 5 voire 10 ans n'est pas automatiquement enthousiasmant. (dans ce cas, Mandelson reprendrait la tête du parti travailliste). Pour remplacer ce ticket, les autres formules sont moins séduisantes. La paire Balkenende / D'Alema présente certaines limites ainsi. Le Premier ministre Néerlandais Jan-Peter Balkenende a réduit ses chances pour conquérir le poste de Président du Conseil européen car il ne parle français, ce qui est un sérieux handicap. Avec d'Alema, comme Haut représentant, la Commission aurait un excellent connaisseur des affaires internationales (ce candidat aurait la préférence de Nicolas Sarkozy) mais elle se retrouverait alors dirigée par deux personnalités du monde latin, ce qui n'est pas très équilibré. L'hypothèse de l'ex-Premier ministre autrichien Schüssel est plus délicate, car il paraît difficile de faire devenir le Premier président du Conseil européen un chef de gouvernement qui a conclu une alliance avec l'extrême-droite. Quant à l'hypothèse De Hoop Scheffer, comme Haut Représentant, elle n'est pour l'instant plus évoquée. Ce qui (en langage européen) n'est pas automatiquement un gage d'échec. Au contraire ! Le prochain sommet européen pourrait donc comme un "milk-shake" faire surgir... d'autres noms.

(*) Le précédent sommet européen (en juin) s'était réservé la possibilité d'une entrée en vigueur progressive des institutions européennes nouvelles. Dans cette hypothèse, l'Espagne pourrait présider - comme maintenant - l'Union européenne. Et Van Rompuy présiderait alors l'Union européenne au 2e semestre 2010, en tant que Premier ministre belge. La fonction propre du Conseil européen ne commencerait alors qu'au 1er janvier 2011... soit à quelques mois de la date prévue des élections belges (juin 2011).
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Bruxelles2 en quelques mots

Derrière les murs, la politique (européenne) des affaires étrangères (PESC), de sécurité et de défense commune (PeSDC) est décryptée. Stratégie, politique, gestion de crises, industrie ou transport aérien militaire, surveillance maritime et protection civile...Missions militaires et civiles de l'UE (Bosnie-Herzégovine, Kosovo, Géorgie, Moldavie / Ukraine, Afghanistan, Irak, Palestine, Congo RDC, Guinée-Bissau, Haïti, Océan indien, Somalie, Tchad).

logo_ouestfrancefr.pngL'éditeur : Nicolas Gros-Verheyde. Journaliste, correspondant "Affaires européennes" du premier quotidien régional français Ouest-France après avoir été celui de France-Soir. Spécialiste "défense-sécurité". Quelques détails bios et sources.