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3 juillet 2010 6 03 /07 /juillet /2010 06:00

 Ces derniers mois auront été l’occasion de maintes commémorations publiques de plusieurs évènements de la seconde guerre mondiale. Ainsi, le 1er septembre, jour du déclenchement de la guerre, a été fêté en Pologne ; le 4 juin, dernier jour de l'évacuation de Dunkerque, au Royaume-Uni ; tandis que le 18 juin était célébré l’appel de Londres du général de Gaulle. Mais il est peu certain que ce 3 juillet soit fêté avec pareille pompe, sauf par les familles des victimes (1).

BretagneEnFeuD54.jpgCe jour-là, cependant, au large d'Oran (Algérie), la marine française perd près de 1300 marins tués au combat et plusieurs navires (dont le cuirassé Bretagne) au terme d'une bataille fratricide avec les Britanniques. Un jour noir pour la marine française. Et un peu plus d’incompréhension entre les alliés d'hier. Pour la France, comme pour l’Angleterre, cet acte a aussi été une occasion perdue, politique comme militaire.

Si cet acte était fêté, il serait intéressant surtout de voir comment et pourquoi les Britanniques en sont arrivés là. Une fois n'est pas coutume , je vais donc prendre le point de vue britannique, puisé aux meilleures sources. Je me réfère là aux discours de guerre de Churchill, excellent ouvrage, publié dans la collection Texto, déjà cité (2). Et ce propos est intéressant car il montre que les Français avaient d'autres alternatives, qu'ils n'ont pas voulu ou su choisir...


L'ultimatum britannique : 4 possibilités d'échapper à la frappe destructrice

Les Britanniques envoient au vice-amiral qui commande l'escadre française, Marcel Gensoul, un message par le biais du capitaine Holland, ancien attaché naval à Paris, porteur de 4 possibilités:

a) prendre la mer avec nous et continuer à combattre jusqu'à la victoire contre les Allemands;

b) se rendre dans un port anglais avec des équipages réduits placés sous nos ordres. Les équipages seront rapatriés au plus tôt;

 Dans les deux cas, les Britanniques s'engagent à "rendre les vaisseaux à la France dès la fin de la guerre ou (la) dédommager pleinement si, dans l'intervalle, ils venaient à être endommagés".

c) gagner ensemble avec des équipages réduits, un port français des Antilles (Martinique par exemple) où ils pourront être démilitarisés de façon satisfaisante pour nous, ou être confiés aux Etats-Unis (alors pays neutre), et préservés jusqu'à la fin de la guerre;

d) saborder vos vaisseaux dans les six heures à venir.


Impensable que la flotte française serve aux Allemands

Ces propositions suscitent de la réserve, un peu d'hésitation, mais finalement pas de réponse positive, coté français. Et c'est la cinquième proposition qui l'emporte : la destruction. "J'ai reçu l'ordre du gouvernement de Sa Majesté d'employer toute la force nécessaire pour empêcher vos vaisseaux de tomber aux mains des Allemands et des Italiens" explique la fin du message.

Car, pour Churchill, il est impensable que la flotte française tombe aux mains des Allemands, en vertu de l'accord datant de mars 1940 qui lient France et Grande-Bretagne à ne pas conclure de paix séparée. "Le moins qu'on puisse attendre du gouvernement français, c'est qu'en abandonnant la bataille et en laissant tout son poids retomber sur la Grande-Bretagne et l'empire britannique, il évite soigneusement d'infliger une blessure gratuite à son fidèle camarade dont la victoire finale est la seule chance pour la France de recouvrer sa liberté, maintenant et dans l'avenir" explique le Premier ministre, le 4 juillet 1940, dans un discours prononcé devant la Chambre des Communes... Difficile de ne pas l'approuver


(1) le site des familles des victimes (sur lequel figurent de nombreux schémas et photos) : http://www.ledrame-merselkebir.fr

(2) Lire : "Discours de guerre" de Winston Churchill

(crédit photo : Le Bretagne en feu - source : blog des familles des victimes)

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18 juin 2010 5 18 /06 /juin /2010 22:31

ChurchillBureau.jpgLe 18 juin 1940, le Premier ministre britannique Winston Churchill vient, en effet, devant la Chambre des communes. Le lendemain de la demande d'armistice de la France. Il met non seulement en cause l'erreur tactique française mais aussi ce qu'il faut bien appeler une trahison politique, une rupture de l'accord signé le 28 mars 1940 de ne pas signer de paix séparée. Puis, fidèle à sa constante politique, il appelle à continuer la lutte, éventuellement avec "tout autre gouvernement français" (1).

Coté tactique, le constat du Premier ministre conservateur est direct : « le colossal désastre militaire qui s'est produit lorsque le Haut commandement français n'a pas retiré de Belgique les armées du Nord, alors même qu'il savait que le front français était irrémédiablement enfoncé à Sedan et sur la Meuse. Ce retard a entraîné la perte de 15 à 16 divisions françaises et mit hors d'action, à un moment critique l'ensemble du Corps expéditionnaire britannique ». L'armée britannique et 120.000 soldats français rembarquent à Dunkerque mais y perd « (son) artillerie, (ses) véhicules et (ses) équipements modernes ».

Coté politique, sa lucidité l'est plus encore : « Nous ignorons encore ce qui se passera en France, et si la résistance française se prolongera, sur le sol de France et dans l'Empire. Le gouvernement français va laisser filer de grandes occasions et sérieusement compromettre l'avenir de la France s'il ne continue pas la guerre conformément aux clauses du traité dont nous n'avons pas cru devoir le délier. » Mais il lance un appel au changement : « Quoi qu'il advienne en France, avec le gouvernement actuel, ou avec tout autre gouvernement français, nous tous, sur cette île et dans l'Empire, ne renierons jamais la fraternité qui nous unit au peuple français ».

Coté stratégique, Churchill dresse ce qui peut être un inventaire de la capacité de résistance des Britanniques contre les Nazis : « plus d'un million 250.000 hommes sous les armes et derrière eux, un demi-million de volontaire de la défense locale (LDF), dont une partie seulement est déjà équipée de fusils..., les troupes d'élites venues des Dominions... l'aviation de chasse plus forte qu'elle ne l'a jamais été par rapport à celle des Allemands » Etc. Et il réitère la résolution de la Grande-Bretagne et de l'Empire britannique de continuer la lutte « même s'il y faut des années, même si nous sommes seuls ». « Nous ne renonçons à aucune de nos revendications légitimes ; nous ne reculons pas d'un pouce, pas d'un iota. Les Tchèques, les Polonais, les Norvégiens, les Néerlandais, les Belges ont lié leur sort au nôtre : tous seront un jour rétablis dans leurs droits. »

Plusieurs gouvernements européens rejoignent Londres, capitale-refuge pour la Résistance

A Londres, à l'été 1940, De Gaulle devait se sentir un peu seul face à des gouvernements de plusieurs pays européens qui avaient choisi, souvent avec armes et bagages de rejoindre la résistance.

Un des premiers gouvernements à rejoindre les Britanniques est le Norvégien. le roi Haakon VII et le gouvernement se réfugient à Londres. Il est suivi par le gouvernement néerlandais, qui Reine en tête, arrive en mai. La Reine Wilhelmine dissuade son Premier ministre, Dirk Jan de Geer, de signer une paix séparée, puis le renvoie l'estimant peu fiable. C'est Pieter Gerbrandy qui prend le relais. Dans la corbeille, les Pays-Bas apportent la flotte néerlandaise, les réserves pétrolières des Indes orientales néerlandaises (Indonésie).

ArmeePolonaiseCampSuisse.jpgLe 19 juin, c'est au tour du gouvernement polonais de se constituer à Londres pour "continuer le combat" (il a quitté la France, d'abord Paris puis Angers).

Le général Władysław Sikorski lance un appel à la radio, le 19 juin, aux soldats polonais présents sur le continent de continuer le combat comme allié du Royaume-Uni et appelle les unités polonaises présentes en France (environ 80.000 hommes) rejoindre l'Angleterre, soit par voie navale, soit par la Suisse. Une partie a déjà rembarqué à Dunkerque (notamment la 10e armée de cavalerie blindée).

Des unités polonaises, qui ont été parmi les dernières à combattre en France... jusqu'au 18 juin, notamment autour de Belfort. La première division et la deuxième division passent en Suisse.

Le gouvernement tchécoslovaque, dirigé par Beneš et avec Jan Masaryk aux Affaires étrangères, choisit aussi le chemin de Londres. Puis c'est au tour du gouvernement belge, malgré un peu d'hésitation, et la capitulation du Roi Léopold III. Les Belges apportent leur colonie belge du Congo, précieux apport notamment pour les minerais.

Le gouvernement français (avec Pétain) est ainsi un des seuls gouvernements alliés (avec le gouvernement danois) à être resté au pouvoir et avoir collaboré avec le pouvoir nazi !


(1) Extraits de "Discours de guerre" de Winston Churchill

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23 novembre 2009 1 23 /11 /novembre /2009 15:27
Il y a vingt ans, à Prague, la grande manifestation organisée par les universités rassemblait plusieurs dizaines de milliers de personnes. Je l'écoutais à la radio. J'avais aussi des amis dans ces universités. Il me fallait partir, les rejoindre. Le temps de faire le visa - en mettant une adresse bidon et un motif de visite innocent (visite familiale), de prendre auprès des journaux avec qui je travaillais (Quotidien de Paris, Impact Médecin) et d'autres (Kiss FM, une radio musicale qui avait décidé vu les évènements de donner toute la place à l'l'info), de prendre la voiture, et d'arriver, sous les premiers flocons, au soir, dans cette ville que je n'avais fait que traversé quelques années plutôt, pour voir ce qui allait devenir la révolution de velours, la douce révolution (lire quelques articles rédigés à l'époque).

Grâce à mes amis étudiants tchèques engagés dans le mouvement, je me retrouvais badgé en un rien de temps et une intervention, plus tard, dans l'amphi bondé de l'université de médecine, dans le genre "Y-a-t-il un médecin parlant français dans la salle ?", je me retrouvais en compagnie de mon interprète improvisée, charmante au surcroit... Et nous voila partis, tous les deux, à la découverte de ce Prague fantastique qui hésitait encore entre la crainte de se retrouver en prison le lendemain et la joie de savourer cette liberté retrouvée.

La première halte notable fut le lendemain à la Laterna Magica, un des théâtres de la capitale tchèque, réquisitionné par les intellectuels et dirigeants du forum civique, sorte d'agora et d'agitation permanente intellectuelle. Ce soir-là, l'histoire était au rendez-vous. Un homme venu du bout de la scène est venu présenter un petit bout de papier à un des interlocuteurs assis à la table, celui-ci l'a lu, l'a passé un peu interloqué à son voisin, même scénario, celui-ci a pâli, l'a passé au suivant et ainsi de suite pour arriver - si mes souvenirs sont bons à Havel qui a marqué un temps - la salle avait compris qu'il y avait un grain de sable... extraordinaire. En bon dramaturge, il a alors pris sa respiration, et annoncé la nouvelle en quelques mots : "le bureau politique du PC a démissionné". Point besoin de comprendre le tchèque pour saisir qu'on avait passé une borne. Puis rien, un silence, une respiration dans la salle bondée, et un tonnerre d'applaudissements (y compris des journalistes), des embrassades. Et le soulagement...

Le régime avait commis l'irréparable d'une dictature : céder à la rue.
Il faut dire que la veille, l'idéologue en chef du parti avait été convoqué à Moscou pour une "visite amicale". Et sans doute un sévère remontage de bretelles pour lui expliquer que les temps avaient changé et que les fils barbelés étaient désormais coupés. Désormais, il n'y avait plus de doute, à Prague comme à Berlin quelques jours auparavant et Budapest trois mois avant, le velours avait triomphé du glaive. C'en était fini des années de chuchotement, de méfiance des voisins de café ou de faculté, d'uniformes à étoile rouge, de contrôle politique sur les médias, les universités, les usines... Le vent de l'histoire avait tourné ! (lire : petit papier pour KissFM sur l'atmosphère de l'époque - écrit sur le bord d'une table, et enregistré sous la table, pour se préserver du bruit...).

(crédit photo : © NGV - manifestation d'étudiants à Prague)
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20 octobre 2003 1 20 /10 /octobre /2003 11:42
(publié dans Agence Europe, 20 oct 2003) L'Union européenne devrait jouer un rôle plus important en matière civile dans les relations internationales, et ne pas se contenter d'une action militaire. Tel est le message qu'ont voulu faire passer les participants à une conférence organisée par le groupe Verts/ALE au Parlement européen, jeudi à Bruxelles.

Après une comparaison critique entre les documents de stratégie de l'Union européenne et des Etats-Unis, les différents intervenants ont en effet estimé qu'un pas important pour une politique européenne de prévention des conflits passe par la création d'un corps civil européen pour la paix. « Nous avions déjà évoqué ce sujet il y a plusieurs années », rappelle le député Per Gahrton (Miljöpartiet de Gröna, Suède). « Dix présidences ont passé. Et rien n'a été fait. En matière d'engagement militaire, il y a eu des avancées et cela a été vite. Mais pour le corps civil, on n'en a plus parlé. Le moment est venu d'agir », a-t-il estimé avant d'avancer deux propositions: « le Conseil devrait lancer une étude pour avoir une mini- structure souple flexible capable d'établir les ressources à donner aux Etats, et ONG et il faut inscrire la création d'une agence européenne d'établissement de la paix dans la Constitution ».

La nécessité de forces civiles aux côtés d'un engagement militaire ou de police a été démontrée par Arno Truger, du Centre autrichien pour la paix et la résolution des conflits, « Des forces militaires et de police ne suffisent plus lorsqu'il s'agit de conflits internes. Il faut aller plus loin que le respect d'un simple cessez-le-feu et la mise en place d'élections. Sur ce point, l'UE n'a pas tiré les leçons adéquates des Balkans ». Et d'ajouter: « J'ai l'impression qu'on met parfois la charrue avant les bœufs. Une situation de post-conflit est difficile à gérer et il est nécessaire d'avoir des experts civils. Il suffit d'observer ce qui s'est passé au Rwanda. La Communauté internationale perd beaucoup d'argent dans des opérations militaires ». L'expert autrichien a également défini les contours d'un tel corps. Doté d'une formation et structuré, « il devrait être civil à 100%. Certes, il doit y avoir une coopération avec les autres corps présents sur place - militaires, police - mais le mélange [des forces] est difficile à gérer. « Il suffit de voir ce qui passe actuellement en Irak ou ce qui s'est passé en Somalie. Il devrait recevoir un mandat des Nations unies et pourrait intervenir sur toute situation, pas seulement après un conflit mais aussi en prévention ».

Il est important de ne pas sombrer dans le pessimisme, a estimé pour conclure le député européen Joost Lagendijk (Pays-Bas): « J'ai assez d'espoir. Car les politiques des Américains ont échoué. Ces Américains qui demandent maintenant aux Européens quelles sont leurs expériences en matière de reconstruction. Ils se sont aperçus qu'après une guerre, il reste des problèmes à gérer. C'est une vraie chance pour nous ». Et de lancer un appel: maintenant, « il faut pouvoir répondre aux Américains ».

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29 avril 2003 2 29 /04 /avril /2003 09:49
(article paru dans France-Soir 2001) Réunis en mini sommet sur la défense européenne à Bruxelles, français, allemands, belges et luxembourgeois tendent la main aux britanniques et se sont fixés une date butoir, fin 2004 pour aboutir à une avancée européenne. 4 pages dactylographiées, en caractères serrés pour donner un nouvel élan à cette défense dont l'Europe (lire les conclusions)

C'est dans une salle de conférence du Hilton de Bruxelles, transformé pour l'occasion en salle de presse, que les quatre chefs d'Etat du "clan de la paix" (opposés à la guerre d'Irak) avaient choisi d'affirmer devant la presse leur volonté de donner "un nouvel élan" à cette politique de défense qui manque tant à l'Europe. Avec un leitmotiv : "n'exclure personne". "Toutes les avancées européennes ont eu pour origine l'initiative de quelques Etats" a expliqué Chirac, citant sans retenue le précédent franco-britannique de Saint Malo ! "Cette initiative est ouverte à tous les autres" a complété, le premier ministre belge, Guy Verhofstadt. "Nicht allein" (pas seuls) a renchéri Gérard Schröder. "Nous ne sommes pas un quarteron de putschistes" a plaisanté Jean-Claude Juncker pour le Luxembourg. Coté propositions concrètes, même si les "Quatre" se gardent bien de prononcer le mot, il s'agit de (re)créer un Etat-major européen permanent capable d'assurer la liaison des différentes forces de l'UE engagées sur le terrain, notamment pour les missions de maintien de la paix… et avec l'Otan.

L'idée n'est pas neuve...[Pour éviter les mots qui fâchent, les Quatre ontd'ailleurs  trouvé un mot nouveau pour une proposition ancienne : créer un "noyau de capacité collective de planification et de conduite d'opérations".] L'idée, à défaut d'être neuve, est bien avancée. Le lieu est déjà trouvé, à Tervuren, le Versailles bruxellois. Et ce "noyau" devrait regrouper quelques dizaines d'officiers venus des pays volontaires. [Ceux-ci ne seront pas vraiment dépaysés. Certains sont déjà à Bruxelles, de façon régulière ou semi-permanente, qui pour les besoins des réunions de l'Union européenne qui a (déjà) un état-major européen embryonnaire, qui pour les réunions de l'Otan et de son quartier général, le Shape, à Mons. Dans la même lignée, un commandement commun serait créé pour le transport aérien stratégique appuyé sur le programme A400M.] Cette proposition, avec quelques autres, doit être présentée aux ministres des affaires étrangères des 25 réuni en "gymnich" en Grèce ce vendredi. "Nous verrons alors comment cette idée sera reçue" estime un proche collaborateur du président Chirac. Qui aime l'Europe suive… pourrait-on dire !

A noter : l'escapade chez les antiquaires
Pour joindre l'utile à l'agréable, Jacques Chirac et Guy Verhofstadt ont, en marge du sommet européen sur la défense, fait un petit croc-en-jambe au programme officiel en s'octroyant 20 bonnes minutes de chinoiseries chez une spécialiste du genre, Gisèle Croes, qui tient une galerie d'art chinois de la haute époque. En sortant, Jacques Chirac n'a pu s'empêcher de serrer quelques mains. "Il fait campagne" a proclamé, tout sourire Guy Verhofstadt, le premier ministre belge qui parle en connaissance de cause, les élections législatives sont dans quelques jours… en Belgique.

(Nb : entre crochets, les passages qui n'ont pas été publiés, manque de place...)

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14 décembre 2001 5 14 /12 /décembre /2001 15:39
(article paru dans France-Soir, décembre 2001)

Daniel Cohn-Bendit, député européen (vert), président du groupe verts au Parlement européen

Au Proche-orient, jour après jour, le territoire palestinien s'effiloche. Est-ce la fin d'un rêve
Ce qui se passe en Israël est absolument dramatique. Si la stratégie d'Ariel Sharon de répondre à la terreur par la terreur marche, pour beaucoup de Palestiniens, c'est la fin du rêve d'un Etat propre. Soit les Israéliens démoralisent complètement les palestiniens, laissent des territoires sans dynamisme, sans perspectives, sauf la pauvreté. Soit cette stratégie produira encore plus de terreur. Et elle ne marchera pas. Il y aura tellement d'attentats qu'elle fera flancher les Israéliens. Et tout le monde sera perdant, d'un coté comme de l'autre.

L'Europe impuissante ?
Si quelqu'un avait une méthode cela se saurait… L'Europe essaie de maintenir Arafat comme interlocuteur. Mais c'est plutôt un vœu pieu pour l'instant. Le problème surtout, c'est cette stratégie. Sharon se sent libéré de toute contrainte pour être enfin le Sharon qui avait envie d'être Sharon. Un premier ministre à droite de la droite. La seule chance à moyen terme pour la paix est de renouer un dialogue avec la société israélienne pour qu'elle se réveille enfin. Sharon lui promet la sécurité. C'est une impasse. Il faut une "aide à peuples en péril", au pluriel, car, pour moi, il y a bien deux peuples, en danger.

En Afghanistan, l'Europe semble plus engagée, mais certains Etats semblent encore réticents à y aller sous la bannière commune ?
J'étais pour l'envoi d'une intervention américaine. Je suis toujours pour l'envoi d'une force internationale d'interposition, avec un mandat de l'Onu pour faire respecter l'ordre là où cette force va s'établir, et pas seulement pour protéger le personnel des Nations-unies. L'idée d'une réponse européenne est très bonne. Quant aux réticences nationales pour planter son petit casque national sur le casque européen, rencontrées à Laeken, j'espère qu'on pourra surmonter ces petites… déficiences intellectuelles.

La défense européenne paraît avoir des difficultés à avancer ?

C'est une priorité pour l'Europe à condition d'allier une politique de prévention, pour s'attaquer aux conflits en amont, et une politique de défense, proprement dite, pour intervenir sur le conflit quand on a échoué auparavant.
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23 janvier 2001 2 23 /01 /janvier /2001 09:42
(article paru dans La Tribune 2001)
• Il est moins cher de prévenir un conflit que de les guérir, tel doit être le nouvel axiome de la politique étrangère européenne
• L’Europe a du mal à parler d’une seule voix.

« Prévenir plutôt que guérir » tel doit être le nouvel axiome de la politique étrangère européenne a résumé le ministre allemand des Affaires étrangères, Joschka Fischer, lors du premier débat organisé par la présidence suédoise autour de ce thème. « Il faut faire comprendre que les conflits sont souvent plus difficiles à résoudre que le fait de les prévenir » a-t-il ajouté. Les quinze ministres des affaires étrangères ont, avec une belle unanimité, opté pour cette orientation de la politique européenne, priorité de la présidence nordique, davantage basée vers la prévention des conflits que vers l’intervention militaire. « Parfois nous sommes arrivés trop tard, parfois nous ne voyons pas l'émergence du conflit", a reconnu, de son coté le ministre italien des Affaires étrangères Lamberto Dini. « La prévention des conflits doit donc devenir partie intégrante de notre pensée normale ».

Cette politique se justifie, estime un rapport remis aux Quinze, car elle est « l'essence même de l'Union européenne, parfaite illustration d'une entreprise réussie de réconciliation, de stabilité et de prospérité ». Mais aussi et surtout car les « conflits entraînent des souffrances humaines et nuisent au développement économique ». En ce qu'ils « engendrent l'instabilité, réduisent les échanges commerciaux, menacent les investissements, et font peser une lourde charge financière due aux coûts de la reconstruction, les conflits sont contraires aux intérêts de l'Union européenne ». De plus « Les dépenses liées à la prévention des conflits sont faibles si on les compare à ce qu'il en coûte de réparer les dommages causés par un conflit ». Dans cette nouvelle politique, l’Union européenne a un rôle particulier à jouer, car elle est devenue, au fil du temps, le premier fournisseur d'aide au développement et d'aide humanitaire dans le monde, et également le partenaire commercial le plus important. Plusieurs ministres comme l’anglais Robin Cook, se sont cependant demandé si les Européens faisaient « réellement tout », notamment pour limiter la vente des armements « vers l'Afrique, par exemple ». Et le secrétaire au Foreign Office, d’appeler les Européens et les pays candidats à l'Union européenne (UE) à lutter ensemble contre le trafic des armes légères qui « ne devraient pas alimenter les groupes rebelles, mais seuls les gouvernements ».

L'enjeu essentiel pour l'Union n’en reste pas moins de faire preuve de cohérence « en associant les bons instruments et en les utilisant dans un ordre judicieux, en temps opportun et de manière intégrée » estime le rapport. La complémentarité doit ainsi être développée à plusieurs niveaux : entre les instruments et moyens disponibles, entre les activités des États membres et celles de la Communauté ainsi qu'entre l'Union et ses partenaires internationaux. Car passé l’engagement des mots, la politique extérieure européenne demeure balbutiante. C’est ce qu’ont souligné deux autres rapports soumis aux ministres, l’un par la présidence suédoise, l’autre par le Haut représentant à la politique extérieure, Javier Solana. Celui-ci a ainsi déploré que « l’introduction par chaque nouvelle présidence d’un nouveau plan de travail et de nouvelles priorités » ne permet pas d’atteindre cet objectif.

La politique extérieure de l’Union européenne demeure encore par trop incohérente. Les rares décisions prises par ce conseil des ministres lundi en témoignent. Le thème de l’uranium appauvri qui pourrait avoir causé quelques dégâts en matière de santé et d’environnement n’a ainsi qu’à peine été effleuré. Anna Lindh, la ministre suédoise des Affaires étrangères, a bien assuré que «l'Union européenne entend travailler avec le maximum de transparence » sur ce dossier.


Mais la position des ministres est davantage attentiste, pour ne pas dire atlantiste. « Ce n’est pas à l’Union européenne de traiter de ce dossier en priorité. Il faut attendre les rapports de l’Otan » a ainsi estimé le ministre des affaires étrangères français, Hubert Védrine. Quant à la situation en république du Congo, si l’Union européenne a dépêché officiellement le Représentant spécial de l'Union européenne pour la région des Grands Lacs, Aldo Ajello, « en vue d' évaluer la situation après la disparition du président Kabila », celui-ci n’y sera pas seul. Il sera en effet précédé du ministre belge des affaires étrangères, Louis Michel, qui effectue une tournée de plusieurs jours dans les six pays de la région. L’Europe a, encore, quelques difficultés à parler d’une seule voix et à se déplacer d’un seul et même pas...

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logo_ouestfrancefr.pngL'éditeur : Nicolas Gros-Verheyde. Journaliste, correspondant "Affaires européennes" du premier quotidien régional français Ouest-France après avoir été celui de France-Soir. Spécialiste "défense-sécurité". Quelques détails bios et sources.