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1 décembre 2009 2 01 /12 /décembre /2009 17:00
Alors que tout le monde est suspendu au moindre froncement de sourcils à Washington, Obama devant annoncer sa nouvelle stratégie militaire en Afghanistan, les Européens restent étrangement silencieux. Condamnés à être les supplétifs des forces américaines. Si cette position pouvait se justifier il y a quelques années, aujourd'hui avec l'entrée en vigueur du Traité de Lisbonne. Le Parlement européen, qui est la seule instance légitime d'un point de vue démocratique, doit, vite, se saisir du dossier et ouvrir le débat.

Un plan d'action bien palichon. Bien sûr, il y a eu la position affirmée au dernier conseil des Ministres des Affaires étrangères, avec un  plan d'action de l'UE pour l'Afghanistan et le Pakistan. Celui-ci est cependant au Plan d'action ce que la chicorée est au café, un ersatz. De nombreux aspects sont oubliés, notamment l'aspect militaire. Et l'engagement européen pour la formation de la police reste à la fois limité et difficile (lire Eupol Afghanistan: on progresse, lentement, trop lentement... ). Même l'organisation de l'aide civile demeure parcellaire. Ce plan d'action fait pâle figure à coté du plan du général américain McChrystal. Le plan du général américain -
qui devrait être relu avec une certaine attention (1) - est d'une certaine façon plus complet et ambitieux, pas seulement au plan militaire. Au plan civil également, puisqu'il prévoit le doublement de la chaîne militaire de commandement par une chaîne civile de commandement dans tout le pays. A Kaboul et dans chaque province, un "commandant civil" serait nommé avec pour fonction de coordonner l'ensemble des moyens civils déployés dans la province et être ainsi en capacité de "dialoguer" avec le responsable militaire. Ce plan prévoit aussi un "surge" en terme de communication pour répondre avec rapidité et efficacité aux tentatives de désinformation des talibans.
Plutôt que de communication ou de plan d'action, ce qui semble surtout manquer au plan européen, c'est de débat.

Pourquoi un débat est nécessaire ? Il paraît ainsi totalement incongru que mis à part quelques pays (Allemagne notamment), le débat dans les représentations démocratiques ne soit pas la règle. Il paraît également totalement anormal aucun débat n'ait été organisé au niveau européen. Car l'Afghanistan (et le Pakistan) est un sujet éminemment européen dans tous les Etats sont impliqués et pour lequel le budget à la fois national et communautaire est soumis à contribution. Avec des résultats "contrastés" (pour être gentil...). Pour moi, le Parlement européen, qui est la seule instance européenne élue au suffrage universel direct (ce que ne sont ni l'assemblée parlementaire de l'OTAN, ni l'assemblée de l'UEO, ni l'assemblée du Conseil de l'Europe), doit se saisir de cette question. Cette intervention se justifie d'autant plus que l'intervention en Afghanistan s'inscrit dans la durée, qu'elle engage profondément à la fois la vie des Européens, de nombreuses ressources militaires - qui ne sont donc plus disponibles sur d'autres terrains d'intervention - et qu'elle nécessite d'importants moyens financiers et budgétaires - d'autant plus difficiles à tenir en ces temps de restriction budgétaire. Rien qu'au plan économique - au regard notamment du respect des critères de stabilité budgétaires de Maastricht - ce débat devrait être nécessaire. Quand on regarde la dimension développement, démocratie, politique étrangère, stabilité de la région asiatique, terrorisme... sa nécéssité apparaît encore plus primordiale.

Une commission d'enquête au Parlement européen ? L'entrée en vigueur du Traité de Lisbonne, qui met au premier plan la nécessité d'une meilleure coordination des politiques étrangères, impose ce débat, aujourd'hui. D'autant que les opinions publiques de tous les pays européens sont de plus en plus sceptiques sur cette intervention, et attendent l'expression de diverses opinions... Nous n'allons pas attendre que le Congrès américain ait débattu de toutes les options envisagées pour fixer notre position.
Pour moi, le Parlement européen doit ouvrir le débat, et vite, pourquoi pas sous forme d'une commission d'enquête... Cela permettrait d'envisager tous les aspects de la question - l'objectif de la présence sur place (chasse aux terrorismes, stabilisation de la zone, développement, modèle démocratique..), les moyens mis en oeuvre, les budgets qui sont dévolus - de façon posée, réfléchie et ouverte.

(1)
Dont le projet avait été rendu public le Washington post - télécharger
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18 novembre 2009 3 18 /11 /novembre /2009 12:06
Les 27 ministres des Affaires étrangères ont réaffirmé, mardi, leur « détermination à apporter une importante contribution à la réforme de la police afghane ». « Le renforcement des services de police et du secteur de l'Etat de droit en Afghanistan est primordial pour promouvoir la stabilité et la sécurité dans le pays » ont-ils ajouté. Mais au-delà des paroles, les actes semblent moins conséquents. L'effectif de la mission européenne de police EUPOL Afghanistan se remplit lentement, très lentement. La dernière conférence - organisée le 10 novembre - a permis d'atteindre un effectif (promis) de 320 personnes, contre environ 270 maintenant (NB : l'objectif a été fixé à 400 personnes en mai 2008 !). « C'est moins que ce que j’espérais - n'a pas caché Carl Bildt, le ministre suédois des Affaires étrangères qui présidait la réunion - mais nous avançons. »

Un nouvel appel. « Il importe au plus haut point que l'UE honore les engagements pris en faveur de la réforme des services de police afghans. Le Conseil a souligné qu'il importait que les Etats membres fournissent à la mission le personnel et les moyens logistiques dont elle a besoin (1) pour exécuter son mandat dans l'ensemble du pays » ont réaffirmé les 27, la main sur le coeur. Espérons que leurs collègues de l'Intérieur et des Finances (qui tiennent le porte-monnaie) entendront cet appel et que c'est la dernière fois que nous aurons à en parler ici !

Au plan organisationnel, les priorités d'Eupol ont été revues et groupées en six objectifs : le renseignement, la chaîne de commandement, de contrôle et de communication, les enquêtes judiciaires, la lutte contre la corruption, les liens entre police et parquet, la prise en compte de la question d'égalité des sexes. EUPOL s'est également doté d'une "cellule projets". Et son budget a été (légèrement) augmenté en conséquence. 

(1) Il manque notamment des moyens de transport, type hélicoptères ou avions, si l'on veut que la mission puisse sortir de Kaboul. Selon un policier européen, la mission a une efficacité dans la capitale afghane. Mais en dehors, dans les provinces, c'est une autre histoire...

(crédit photo : Conseil de l'Union européenne, Carl Bildt et Benita Ferrero Waldner, lors de la conférence de presse)
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18 novembre 2009 3 18 /11 /novembre /2009 01:29
Pierre Lellouche, fidèle à sa réputation, n'y est pas allé de main morte, lors de sa séance de debriefing aux journalistes après le conseil des Ministres des Affaires étrangères. Il a mis en cause l'absence de "stratégie européenne en Afghanistan", regrettant qu'on n'ait pas vraiment parlé entre eux.

Les Européens ne se parlent pas assez. « les Européens ne se parlent pas entre eux. Il n’y a pas de retour d’expérience. Les militaires français ne partagent pas sur le terrain avec les Belges ou les Allemands. On ne parle pas de stratégie politique, de développement économique. Pourtant il y a énormément d’argent européen (un milliard d'euros). Mais le seul ennui est qu’il n’est pas arrivé dans les villages où j’ai été : Les enfants malnutris le restent, la pauvreté est extrême. J’aimerai qu’on me dise où est passé l’argent, européen comme américain ? Il y a un vrai problème de la coordination de l’aide entre Européens, comme avec l’aide au Pakistan. Aujourd'hui, on est au pied du mur. Ce n’est pas le général McCrystal qui va résoudre la situation. Nous devons absolument parler d’Afghanistan entre nous. »

Le plus de l'UE. Pour le ministre, qui a été le représentant spécial français pour l'Afghanistan, l'Union européenne (UE) a cependant une carte à jouer : « Il y a un plus de l’UE : le civilo-militaire ; un savoir-faire : l'aide à la reconstruction d’un État. Le problème est le sous-développement, la misère des gens, la faim et famine l’hiver, le délabrement de la santé. C'est bien plus çà le problème qu’un problème militaire. On doit travailler plus efficacement : nous avons les ressources, l’Afghanistan a des besoins ; il faut que les Européens se prennent en main... »

(crédit photo : Conseil de l'Union européenne - Pierre Lellouche avec Javier Solana - le haut représentant, lors du Conseil)
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8 novembre 2009 7 08 /11 /novembre /2009 00:56
L'armée britannique - et son nouveau chef d'Etat major, General Sir David Richards - étudie un retrait partiel en Afghanistan. Ou plutôt un repli sur les villes les plus importantes de la province de Helmand, en abandonnant notamment certaines bases, comme Now Zad ou Musa Qala reconquise sur le Talibans en 2007 au prix de lourdes pertes. L'information est parue dans le Sunday times, ce week-end. Et elle devrait faire du bruit. Elle marquerait ainsi une inflexion très nette de la stratégie des Occidentaux dans le pays. De fait, celle-ci reprendrait en partie la stratégie suivie par les Soviétiques. Comme l'explique un officier supérieur au journal : « Nous devons concentrer nos efforts sur quelques zones géographiques. Nous devons sélectionner quelques zones à tenir et faire le job convenablement ». Ce recentrage a été, plus ou moins, confirmé officiellement par le ministre de la Défense, Bob Ainsworth au Sunday Times. Sans vouloir s'étendre sur les détails du plan, il a expliqué qu'il fallait se concentrer sur « les zones entre Gereshk et Lashkar Gah » où vivent la plupart des habitants.

Le gouvernement a-il le choix ? Deux Britanniques sur trois pensent désormais que cette guerre est "non-gagnable". Le débat continue d'être intense outre-Manche. Dernièrement, c'était l'ancien ministre de Tony Blair pour le Moyen-Orient, l'Afghanistan et l'Asie du sud (de 2005 à 2008) et actuel président du comité parlementaire sur le renseignement, Kim Howells, qui demandait un débat sur le retrait total des troupes d'Afghanistan. Le Premier ministre lui-même, Gordon Brown, a récemment souligné qu'il n'était pas disposé à risquer de ses soldats pour un gouvernement (il visait Karzai) qui ne parvient pas à résoudre la corruption.

La crédibilité de l'OTAN et de l'armée UK en jeu. Dans un document de l'Etat-major intitulé "Strategy for Defence"  - que s'est procuré le journal - le chef d'Etat-Major Jock Stirrup avertit cependant du risque d'un retrait anticipé et souligne l'importance de la mission de l'ISAF :  “The International Security Assistance Force mission is of critical importance to the security of British citizens and the UK’s national interest, including the credibility of Nato, and to the reputation and long-term future of the Armed Forces”.

(Crédit photo : armée britannique, "Un Marine du 42e Commando Royal Marines en protection de la base Musa Qala")
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27 octobre 2009 2 27 /10 /octobre /2009 23:14
Assez de promesses, maintenant il nous faut des actes. Voici comment on pourrait résumer la missive que viennent d'envoyer le ministre des Affaires étrangères suédois, Carl Bildt, qui assure la présidence de l'UE, et Javier Solana, le Haut représentant de l'UE pour la politique étrangère. Cette lettre sonne l'alarme. « La stabilité et la sécurité en Afghanistan sont à un point critique » « Nous devons faire plus pour remplir notre engagement politique de renforcer la police afghane et le secteur de l'Etat de droit» La mission de police de l'UE en Afghanistan (EUPOL) qui doit avoir un effectif de 400 personnes « reste de façon significative à court de personnel et fait face à des défis logistiques de transport à l'intérieur du pays qui empêche la pleine application de son mandat » « Now more than ever it is essential that we redress this » expliquent les deux haut responsables européens.
Javier Solana et Carl Bildt lors de la conférence des Ministres des affaires étrangères le 27 octobre © NGV

Il manque 130 personnes... « Beaucoup d'efforts ont déjà été faits mais TOUS (c'est souligné) les Etats membres doivent faire plus ». La mission manque toujours de « 130 hommes et femmes, bien entraînées, principalement des officiers de policiers et davantage de soutien logistique pour se déployer hors de Kaboul dans tout le pays ». Un conférence intitulée "Conférence sur Eupol Afghanistan, résoudre les déficits logistiques et de personnel » est donc convoquée à Bruxelles pour trouver des solutions. Une conférence de génération de la dernière chance en quelque sorte...

L'UE joue sa crédibilité. « Nous comptons sur votre fort soutien et vous priont de s'assurer que vos représentants soient préparés à annoncer des détachements supplémentaires d'officiers de police et d'experts pour Eupol. (...) C'est une question de crédibilité de l'UE vis-à-vis du gouvernement afghan et de la communauté internationale toute entière » concluent les signataires de la lettre. On ne saurait dire mieux. La (grande) Union européenne qui fournit près de la moitié des troupes de l'ISAF (environ 30 000 hommes), qui mouline à tours de bras sur la nécessité stratégique d'être présent en Afghanistan, paraît incapable d'envoyer quelque 130 policiers et experts. Et cela dure depuis de longs mois. C'est effectivement ridicule... Et certains Américains ont beau jeu de se gausser d'une UE incapable d'assurer ses promesses. (1)

(1) Actuellement Eupol doit compter sur les moyens de transport US essentiellement. Ce qui rend nos "amis américains" un tantinet badins... sur l'engagement européen (et je suis gentil -:)).
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26 octobre 2009 1 26 /10 /octobre /2009 09:20
Il y avait le plan "McCrystal" pour le "surge" militaire en Afghanistan, il y a maintenant un pendant civil et européen. Certes le second n'est pas aussi complet, ni aussi documenté que le premier, mais il a son intérêt. Les 27 ministres des Affaires étrangères devraient l'adopter lors de leur réunion du 27 octobre, à Luxembourg. Ce plan - qui  reprend, en partie, les idées présentées par Javier Solana, et discutées au Gymnich, ainsi qu'à l’informelle des ministres de la Défense - commence par un état des lieux de la situation avant de faire le tour de ce qu’il est possible de faire en Afghanistan et au Pakistan.

La situation se détériore. Le leurre n'est plus permis sur les 27, selon le document que j'ai pu consulter. « La situation en Afghanistan se détériore. Nous ne faisons pas seulement face à une situation sécuritaire critique. Les progrès sur la réforme politique, la gouvernance et la construction de l'Etat sont trop lents et dans certaines parties du pays, quasiment inexistants. » Mais « l'insécurité en Afghanistan ne pourra pas être résolue par des moyens militaires seuls ». Créer « un cadre pour la stabilité en développant des institutions d'Etat effectives, améliorant la gouvernance, les règles d'Etat de droit et de droits de l'homme et combattre la corruption est aussi important ». Il s'agit d'établir un « gouvernement afghan responsable et réactif ». Alors que les Etats membres européens versent, ensemble, près d’un milliard d’euros par an au pays, l’inaction du gouvernement afghan est pointée du doigt : « En l'absence d'une bonne gouvernance, d'accès aux services essentiels, d'une justice adaptée et de règles de droit, les efforts combinés des Afghans et et de la communauté internationale sur la sécurité, ne produiront pas la stabilité nécessaire politique pour favoriser un développement prospère et sûr. » « Le peuple afhan a besoin de voir leurs propres autorités fournir des améliorations tangibles dans leur vie (quotidienne). Cela seul pourra leur donner une raison d'avoir une réelle confiance dans leur Gouvernement et dans le futur de leur pays. »

Un nouvel engagement. Les 27 veulent aussi réaffirmer que l'engagement de l'UE dans le pays est « à long terme », « une stratégie de transition n'équivaut pas à une stratégie de sortie ». L'UE veut un « accord renouvellé » entre la communauté internationale et l'Afghanistan. Et afin que chacun puisse tâter le pouls de la société afghane, l’UE propose d’organiser la prochaine conférence internationale sur l’Afghanistan, directement à Kaboul. Un beau défi ! L'Europe veut apporter à l'Afghanistan ce qu'elle sait faire de mieux, comme le renforcement des structures provinciales et locales et de l'administration afghane, le développement du cadre électoral, renforcement du cadre de l'Etat de droit (corruption, drogues, police, justice...), soutien au développement rural (par la mise en place de micro-crédits pour le secteur privé). Elle entend promouvoir une stratégie d'assistance pour renforcer la « capacité du gouvernement afghan » et diriger « autant que possible l'assistance vers le budget central du gouvernement afghan », et appelle « les autres donateurs, en particulier, les USA, à adopter le même chemin ».

Une seule tête de l'UE à Kaboul. La communauté internationale aussi doit mieux se coordonner concèdent les 27. Première décision, l’UE aura désormais, à Kaboul, un seul responsable pour tous ses services présents dans le pays qu'il s'agisse de ceux de l'UE (police) ou de la Commission européenne (humanitaire, développement, justice). NB : Cette pratique du "double-hatting" ne concerne cependant pas les Etats membres qui conservent leur ambassade dans la capitale.

Achever le déploiement de la mission européenne de police (EUPOL). Alors que l’objectif était d’avoir 400 personnes, seules 270 sont présentes actuellement. Les volontaires ne se bousculent pas, en effet, au portillon : trop loin, trop dur, pas assez payé, explique-t-on. De nouvelles solutions peuvent être mises en place, par exemple en faisant financer directement par le budget de la PESC les agents détachés et en améliorant les incitations existantes pour le personnel contractuel. Il s'agit aussi de promouvoir le déploiement de différents moyens d'EUPOL dans les provinces. L'UE s'engage à assurer « une coordination maximum avec les autres initiatives qui vont prendre place dans le cadre de la mission d'entraînement de l'OTAN, qui inclut l'initiative à venir de la gendarmerie européenne (EGF) ». Le soutien au LOFTA (Law and Order Trust Fund Afghanistan) qui permet de prendre en charge les frais de fonctionnement de la police nationale afghane « doit continuer ».

Un réseau d'expert civils. Les Européens proposent de mettre en place une formation des fonctionnaires dans des sujets phares comme le budget, la planification. Basé sur l'expertise européenne, l'UE veut mettre en place un réseau d'experts disponible, basé sur les bases de données des Etats membres, qui pourraient être déployées dans un délai rapide en Afghanistan selon les besoins. L'UE entend aussi soutenir le processus de réintégration des éléments de l'insurrection - avec à la clé formation, emploi civil et soutien au développement rural - en mettant en place un "trust fund" conjoint de multi-donateurs.

Stratégie séparée au Pakistan. La stratégie pour l'Afghanistan doit s'accompagner d'une stratégie, différente, pour le Pakistan, le stabiliser de façon démocratique. L'UE entend ainsi développer sa stratégie de développement du Malakand (notamment en déployant des experts capables d'aider à absorder l'assistance financière internationale et à gérer l'assistance au développement et à la reconstruction), renforcer sa coopération dans le secteur de la réforme du secteur de la sécurité et de l'Etat de droit (en fournissant des experts pour la justice, entraînement et matériels pour la police, aide à la définition d'une stratégie de sécurité/anti-terrorisme), promouvoir la démocratie et les droits de l'homme, encourager la coopération dans la prolifération nucléaire, et favoriser le développement socio-économique (avec notamment la mise en place d'un "trust fund" géré par la Banque mondiale pour le Balochistan et les zones tribales du FATA).
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22 octobre 2009 4 22 /10 /octobre /2009 22:53
La rencontre entre le secrétaire général de l'OTAN, Anders Fogh Rasmussen et le ministre de la Défense australien, John Faulkner, devrait être l'heure des mises au point. Avant de partir pour Bratislava, où se tient la réunion des ministre de la Défense de l'OTAN, l'Australien a, en effet, donné une interview à ABC Radio où il a dit clairement sa volonté de voir la mission se terminer le plus tôt possible. "I've certainly asked the Australian Defence Force for any recommendations they have about ensuring we do complete that important role and responsibility both effectively, but in the shortest time frame possible". ajoutant, ensuite : "I don't want to see Australian troops in Afghanistan a day longer than is necessary."
Les Australiens qui ont 1500 hommes, la plupart en Uruzgan, craignent de se sentir un peu seuls après le départ des Néerlandais de cette province l'année prochaine. La réunion de Bratislava doit notamment décider qui reprendra le commandement. Et les Australiens n'y tiennent manifestement pas. Mais alors pas du tout... 
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22 octobre 2009 4 22 /10 /octobre /2009 20:30
Les ministres de la Défense de l'OTAN sont réunis en ce moment à Bratislava et auront vendredi au lunch une discussion autour de l'engagement en Afghanistan. Le porte-parole de l'organisation, James Appaturai, est venu présenter devant la presse quelques idées que compte développer le secrétaire général, Anders Fogh Rasmussen, demain. Et j'en suis tombé par terre.

Qui vole un oeuf... Que dit James : « En Afghanistan vous ne pouvez pas séparer le contre terrorisme de la lutte contre l’insurrection. Pour rendre l’Afghanistan capable de résister au terrorisme pour le long terme, il doit être aussi capable de résister à l’insurrection, parce que vous ne pouvez pas séparer les talibans d’Al Qaida. Et vous ne pouvez présumer qu’ils pourront être séparés dans le futur. Les talibans étaient aussi al Qaida dans le passé. Il n’y a pas de voie possible que les talibans ne soient pas Al Qaida dans le futur.
» En bref, une version modernisée de qui vole un oeuf, vole un boeuf, et qui vole un boeuf tue son chien et massacre la terre entière...

Rengagez-vous ! Après son analyse stratégique à trois sous, Appaturai alias Rasmussen en tire une conséquence « Un large effort doit donc être fait au niveau civil et militaire. La transition c'est mettre les ressources en place pour rendre les forces afghanes rapidement en mesure de conduire la sécurité, province par province, district par district. Ce sont les forces afghanes qui ont le lead et les forces de l’OTAN en soutien. C’est çà l’essence de la transition. (...) Nous avons besoin de plus d’efforts. Et d’une meilleure coordination entre le civil et le militaire.
».

Effarant ! Premièrement, ce postulat me semble aller à l'encontre de ce que disent plusieurs experts sur la situation afghane : très complexe bien sûr où il est difficile de démêler les échevaux. Mais où tout rebelle n'est pas taliban et tout taliban pas d'Al Qaida. Bref, ils raffinent là où Appaturai et Rasmussen grossissent. Deuxièmement, on sait très bien qu'entre la population et les insurgés, il y a des "passerelles" (pour être gentil), un soutien logistique (pour être plus précis), des alternances parfois (rebelle la nuit, civil le jour). On pourrait donc compléter l'équation et arriver à civils = terroristes. Ce qui peut alors tout justifier, y compris un ou deux bombardements erratiques, voire plus...
Si cette approche devrait être maintenue, je ne vois pas comment nous pourrons convaincre les opinions publiques d'accepter des efforts supplémentaires, en hommes et en financement pour l'Afghanistan. Sur le long terme, nos populations  ne suivront pas. Inutile d'envoyer des renforts. Troisièmement, on a l'impression que l'OTAN n'a rien appris en quelques années, que les dernières évolutions stratégiques données à grand renfort de média restent, en fait, les mêmes. Ni des leçons du passé, notamment de la guerre d'indépendance algérienne et de l'attitude face au FLN. Quatrièmement. Je ne vois pas comment les Afghans auront le lead et les civils pourront s'engager sereinement auprès d'une Organisation militaire qui défend ce type d'approche. Comment mener une action civile, différenciée, si à coté, des membres des mêmes pays mènent une politique de "tout le monde dans le même sac" et du "tout répressif" ? Cinquièmement. Avoir une action civilo-militaire implique que les civils aient autant de poids, voire plus que les militaires dans la définition de la stratégie. Cela ne me semble pas toujours être le cas ! D'un point de vue philosophique, cette approche ne me paraît pas vraiment conforme aux objectifs de l'UE.
(écoutez l'explication, cela démarre après 4'30 minutes)
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17 octobre 2009 6 17 /10 /octobre /2009 06:09
(A La Réunion) Hervé Morin, le ministre de la Défense, a démenti, samedi dans l'avion qui le menait dans l'Océan indien, les pratiques « d'achat de la paix » en Afghanistan. Le Times vient en effet, de "révéler" que les Italiens avaient payé les Talibans pour avoir la paix. Quand ils ont quitté la zone la laissant aux Français, ils n'en auraient pas averti ceux-ci. Selon le journal britannique, l'embuscade fatale à dix soldats français en août 2008 dans la vallée de l'Ouzbine, à l'est de Kaboul, résulte de cette pratique, et de cette ignorance de cette pratique, les taliban décidant de faire payer aux militaires présents (les Français) l'absence de respect d'un "accord".

Encourager le développement Oui, payer les Talibans non.
Lors de son déplacement qui le mène de Paris dans l'Océan indien, le ministre de la Défense est donc venu vers l'arrière de l'avion à la rencontre des journalistes qui l'accompagnaient pour faire le point. « De telles pratiques seraient tellement contraires à l’honneur et l’idée de ce qu’on peut faire d’une armée, à l’éthique. » a-t-il souligné. Il a tenu à distinguer deux choses : « Il y a un dialogue avec les maleks, les chefs de clans. C’est une chose de mettre en place une collaboration, avec en fait les maires des villages, pour construire une coopération et stabiliser une vallée, c’est une pratique normale. Mais payer des talibans serait un signe qu’on n’est pas capable de remplir notre mission. » Il a reconnu cependant qu'il existait des financements indirects. « Nous ne sommes pas une armée d’occupation, nous participons à la construction d’un pays. Faire travailler entreprises et population locales pour qu’un cercle vertueux se mette en route, c’est absolument nécessaire. Construire une relation est nécessaire pour que les gens saisissent la reconstruction du pays. » Et concernant la présence d'hommes armés, il a expliqué : « Ce que je vois des hommes et des femmes qui assurent, éventuellement, la protection des entreprises. Mais de là à avoir des gens armés juste pour çà. Payer les talibans, non. » Il a conclu en estimant « Il n’y aura pas de victoire militaire en soi. C’est la confiance retrouvée de la population qui fera pression sur les talibans ».

Une pratique ancienne. Il est de notoriété publique que comme le disait le chef des opérations spéciales contre le terrorisme, Hank (cité par Bob Woodward : Bush s'en va-t-en guerre) : « l’argent parlait en Afghanistan ». « Les seigneurs de la guerre ou les sous-commandants – avec leurs douzaines ou leurs centaines de combattants pouvaient être achetés pour la somme modeste de 50 000 $ en liquide. Si nous savons y faire, nous pouvons acheter bien plus de talibans que nous ne devons en tuer. » « La CIA pourrait fournir de l’argent pour acheter de la nourriture, des couvertures, des équipements contre le froid et des médicaments (...). L’aide humanitaire servirait la cause américaine. » Les Américains ont ainsi largement arrosé le pays et gagné la (première partie) de la guerre de 2001. Bob Woodward parle de 70 millions de $ distribués par la CIA ont certainement remplacé plusieurs centaines d'hommes qu'il aurait fallu engager et faciliter la victoire à l'époque. Elles ont cependant conforté une habitude : si tu veux la paix, tu payes.

Commentaire. On ne peut donc que s'étonner de l'atmosphère de vierges outragées de certains responsables politiques devant cette pratique. De plus, quand on parle de développement d'un pays, il est évident qu'il y aura des "flux financiers" en direction de la population, y compris de personnes proches de la rebellion. C'est le but même de l'action civile en zone de conflit : acheter la paix, convaincre les populations qu'elles ont plus à gagner dans la paix que dans la guerre. Soutenir qu'il faut davantage promouvoir le développement sans en accepter le corollaire me paraît donc un peu utopique et surtout contradictoire. D'un point de vue, plus conjoncturel, on peut aussi se poser la question de l'intérêt de "sortir cette affaire maintenant". Est-ce proprement un règlement de compte intra-italien ? On peut en douter : la fuite venant du Times et non d'un journal italien. C'est d'ailleurs un questionnement des Etats-Unis qui met le doigt sur la question en interpellant les Italiens sur cette pratique. Y-a-t-il volonté des alliés de mettre la pression sur le gouvernement italien
et de semer un peu la gêne entre les deux capitales, Paris et Rome ? Sans aucun doute...
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12 octobre 2009 1 12 /10 /octobre /2009 07:00
Les armées européennes perdent chaque semaine des hommes en Afghanistan. Un Français du 3e Rima de Vannes (photo) est mort jeudi 8 octobre des suites de ces blessures après l'explosion d'une bombe artisanale sous son véhicule le 4 septembre dans lesquels deux autres soldats sont décédés. Un Britannique, est mort, jeudi, dans une explosion près du camp Bastion (province du Helmand). Deux Polonais sont morts (et quatre ont été blessés) quand leur véhicule est passé sur une mine dans la province de Wardak, vendredi... Tous étaient engagés pour une mission de stabilisation de la paix, sous autorité de l'OTAN et mandat de l'ONU.

Mais seuls les 6 soldats italiens décédés le 17 septembre ont eu droit à un message de condoléance officiel, avec communiqué à la presse à la clé, de José-Manuel Barroso, le président de la Commission européenne. On peut se demander : pourquoi ce choix ? Certes le nombre de victimes était plus important et l'impact médiatique a suivi. Certes c'était juste le matin du début d'un Conseil européen. Mais ce message est d'autant plus difficile à cerner que le président de la Commission européenne n'a pas de rôle précis en matière de défense, encore moins quand il s'agit d'une opération de l'ISAF-OTAN.

Cette sélection de la compassion pour des victimes, en fonction de l'impact médiatique, ou de la personnalité du chef d'Etat, pourrait apparaître comme un certain opportunisme politique plutôt malsain pour celui qui représente "l'intérêt général européen". Le président de la Commission européenne n'aurait-il pas intérêt à s'en tenir à une ligne de conduite, un peu plus égalitaire, pour toutes les victimes de ce conflit ?

(maj) La Commission européenne ne partage pas cette analyse (bien sûr) « Le Président ne pratique pas de forme de sélectivité. Le Président a envoyé des messages formels de condoléances dans les cas où le décès de ressortissants d'Etats Membres de l'Union Européenne a été marqué par un acte de deuil national. » a répondu le service du porte-parole qui a mis plusieurs jours à fournir la réponse...

(cérémonie à la mémoire de
Johann Hivin-Gérard du 3e Rima, décédé le 8 octobre à l'hopital Percy de Clamart, crédit photo : DICOD)
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Derrière les murs, la politique (européenne) des affaires étrangères (PESC), de sécurité et de défense commune (PeSDC) est décryptée. Stratégie, politique, gestion de crises, industrie ou transport aérien militaire, surveillance maritime et protection civile...Missions militaires et civiles de l'UE (Bosnie-Herzégovine, Kosovo, Géorgie, Moldavie / Ukraine, Afghanistan, Irak, Palestine, Congo RDC, Guinée-Bissau, Haïti, Océan indien, Somalie, Tchad).

logo_ouestfrancefr.pngL'éditeur : Nicolas Gros-Verheyde. Journaliste, correspondant "Affaires européennes" du premier quotidien régional français Ouest-France après avoir été celui de France-Soir. Spécialiste "défense-sécurité". Quelques détails bios et sources.