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2 août 2008 6 02 /08 /août /2008 08:40
1990-1991, L'Europe responsable. C'est le temps des balbutiements « heureux » et des erreurs « tragiques »

Entre 1990 et 1991, l’Europe est, seule, maître à bord de la question yougoslave.
Les Russes (le coup d’Etat contre Gorbatchev a lieu en août 1991) et les Américains (première intervention dans le Golfe en 1990) sont occupés ailleurs et ont « donné les clés » de la crise à la CEE. Comme prévu, et annoncé par tous les experts — et les Serbes eux-mêmes —, la première réaction yougoslave à l’indépendance est une réaction… militaire. C’est la courte intervention en Slovénie (1991) mais surtout la première guerre de Croatie (avec la prise sanglante de Vukovar).

En 1991, après un relatif étonnement, l’Europe réagit de façon plutôt bénéfique. Les premières actions semblent enrayées. C’est l’accord de 1991 signé sur l’île de Brion, qui a pour objet de repousser de quelques mois l’indépendance et qui tente de poser les clés d’un dialogue entre les communautés. Ce sont aussi les critères posés pour la reconnaissance (par la commission ad hoc présidée par l’ancien ministre de la Justice français Robert Badinter) et les premiers projets d’intervention militaire, tous avortés aussitôt (au point qu’on peut se demander s’ils étaient vraiment réalistes). Mais, c’est aussi le moment où l’Europe se déchire sur son unité politique, sur la mise en place d’une politique étrangère et de sécurité communes (on est en pleine discussion de ce qui sera le Traité de Maastricht). C'est le premier dérapage intra européen. L’Europe renonce ainsi à l’envoi d’une force militaire (proposée un moment par les Français, puis les Néerlandais), laisse faire l’armée serbe à Vukovar et en Slavonie. La France cède à l’Allemagne sur la reconnaissance de la Slovénie et de la Croatie, en échange de son accord final sur l’Union économique et monétaire. L’Allemagne tient sa promesse de reconnaître les nouvelles républiques avant la Noël 1991. Mais l’unité européenne est secouée et perd sa crédibilité dans la région. L’Europe semble, réellement, passer, à ce moment-là, à deux doigts d’une chance d’enrayer la crise. Quelques semaines phares peuvent être particulièrement détaillées : en septembre 1991 et en décembre (reconnaissance de l’indépendance).

1992-1999 - L’Europe irresponsable, absente ? 

Entre 1992 et 1999, l’Europe impassible, repliée sur elle-même, renonce à gérer la crise,
notamment en Bosnie, et passe le relais aux Nations Unies, à l’Otan, se contentant de participer (souvent massivement en hommes, finances et aide humanitaire) et de commenter politiquement les évènements dans la région.

A partir de 1992, l’Europe développe sa puissance à travers l’aide humanitaire — ce qu’elle faire de mieux —. C’est à ce moment qu’est notamment fixée sa doctrine en la matière, qui fera d’elle un des leaders mondiaux de l’aide humanitaire, et qu’est formalisé l’Office européen d’aide humanitaire (Echo). Mais l’Europe faillit dans le militaire, du moins de manière autonome. Si elle fournit l’essentiel des troupes à l’Onu, son efficacité dépend de l’action internationale. Et à Srebrenica, comme dans toute la Bosnie et en Croatie, ce seront des troupes européennes (Néerlandais, Français…) qui, en première ligne, seront confrontées à l’épuration ethnique. A ce moment là aussi, l’Europe faillit dans le respect de son fondement historique — le « Plus jamais çà » issu des camps de concentration et de l’épuration nazie ayant été un des ressorts communs et philosophiques des fondateurs de l’Europe. Elle faillit également dans le respect de ses principes fondamentaux : l’accueil des victimes. Alors que de nombreuses personnes sont libérées des camps de prisonniers serbes, L’Europe ferme ses portes, plusieurs pays refusant de servir de terre d’accueil à ces réfugiés. « Faute » terrible qui a, aujourd’hui, quasiment disparu de l’histoire officielle européenne.

Cette crise intra européenne sera salutaire. Elle accélérera la création d’une Europe de l’asile (et de l’immigration). Certains éléments trouvent place dans le Traité d’Amsterdam et le Sommet de Tampere qui crée l’espace de justice et de liberté. Le texte sur « protection temporaire » (dit aussi « asile humanitaire ») est directement née de cette période. L’instrument n’a jamais été mis en oeuvre depuis.

En 1995, les accords de Dayton, symbolisent la « pax americana ». Les Etats-Unis, sous la conduite de Bill Clinton, ont décidé d’appuyer une solution, bancale (le gel des conquêtes territoriales et le découpage en plusieurs zones), mais qui permet de « stabiliser » la Bosnie. Avec l’aide de conseillers américains, et quelques livraisons d’armes adéquates, la Croatie a reconquis, dans une offensive éclair, le territoire « occupé » par les Serbes. (cf. rôle clé du gaulliste Jacques Chirac élu Président de la république en France, qui constitue un tournant notable dans la politique française, réputée trop attentiste et favorable aux Serbes).

En 1999, cette « reprise en main » se termine par l’intervention de l’Otan au Kosovo, après l’échec des négociations de Rambouillet, entre Serbes et Kosovars et l’expulsion massive décidée par Milosevic des Albanais du Kosovo. Là encore, les Européens fournissent l’essentiel des hommes, les Américains fournissant le bouclier aérien (cf. rôle clé joué par Tony Blair dans l’engagement terrestre).

Cette quatrième guerre yougoslave (après celle de Slovénie, de Croatie et de Bosnie) se déroule en même temps qu’une prise de conscience de la nécessité d’une politique européenne de défense autonome. En 1998, au sommet de Saint Malo, Britanniques et Français s’accordent sur les priorités à venir.
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2 août 2008 6 02 /08 /août /2008 08:20
A partir de 2000, et le Sommet européen de Zagreb, sous présidence belge, l’Europe met en place une nouvelle stratégie, de stabilisation et d’adhésion progressive de la région à l’Union européenne.
Des négociations sont entamées avec la plupart des pays de la région. Stratégie qui fonctionne apparemment. La région n’est pas pacifiée. Mais la stabilisation peu à peu gagne du terrain. C’est l’agenda – visant à terme l’adhésion de tous les pays - qui est fixé à Thessalonique, en 2003.

Très vite, la Croatie, tout d’abord, puis, malgré de graves incidents, en 2001, la Macédoine, demandent le statut de pays candidat. Le Monténégro se sépare de la Serbie, pour ne pas être retardé dans ce rapprochement européen. Le problème bosniaque n’est pas réglé. Mais c’est la question du Kosovo (qui est l’épicentre de la crise yougoslave depuis 20 ans) qui reste la plus épineuse à résoudre. 

Il ne faut pas se cacher. La négociation de ces accords de stabilisation est, en effet, une phase-test à l’adhésion proprement dite. Ce sont les mêmes sujets qui sont négociés. Et, bien souvent, le contenu réel des négociations est révélateur de la politique « réelle » du pays engagé, au-delà des déclarations politiques publiques (cf. conditions de négociation de l’accord avec la Serbie). De fait, si l’accord de stabilisation est bien appliqué, la négociation de l’adhésion pleine et entière peut ensuite aller très vite. Placé sous une sorte de protectorat international – sous mandat de l’Onu et administration mixte (internationale – européenne) —, l’ancienne province albanaise du Kosovo a raté son indépendance au début 2007. Le plan Ahtisaari a été rejeté par les Russes et les Serbes.

Au sommet de Bruxelles, en juin 2007, les Européens ont d’autres chats à fouetter. Ils cherchent à panser leurs plaies issues de l’échec de la Constitution européenne et à remettre en selle un nouveau Traité européen. L’échec de 1991 va-t-il se rééditer sur un deal – approfondir l’Europe sur en faisant le deuil des Balkans ou se diviser sur les Balkans ? La réalité prend une tournure différente. Même si les protagonistes ne le reconnaissent pas tous alors ouvertement, la leçon du passé est dans toutes les têtes. Plusieurs des protagonistes ont vécu l’échec des années 1990 et ne veulent pas le reproduire. Le Portugais Barroso, à la tête de la Commission, le Luxembourgeois Juncker, le Français Bernard Kouchner, le Suédois Carld Bildt, le haut représentant Javier Solana… sont, en quelque sorte, des « orphelins » de la première « impuissance » européenne. Ainsi, durant de longues heures en juin, parallèlement aux discussions que mènent les chefs d’Etat, les ministres des Affaire étrangères tentent de préserver une unité mise à mal par la possible indépendance du Kosovo (« c’est la guerre de tranchée, c’est pire qu’au Kosovo presque » dira un participant à cette réunion). Ces discussions se poursuivront, plusieurs mois durant (lors d’un dîner Ue-Otan, début décembre, notamment), afin de rapprocher les positions.

2008. C’est à la Slovénie, première des anciennes Républiques yougoslaves à avoir déclarer son indépendance, et la seule jusqu’ici à avoir réussi à adhérer à l’UE — le premier également des nouveaux Etats ex-communistes —, que revient le soin de gérer ces questions en tant que présidence de l’UE. Singulier retournement de l’histoire. Elle doit notamment fixer une date d’adhésion et une feuille de route à ses anciens partenaires de Yougoslavie ; avant la France, qui prendra la présidence au 2e semestre 2008.

La Serbie demandera-t-elle son adhésion à l’Europe, rapidement ? En tout cas, la Commission européenne, suivant cette politique de stabilisation, est bien décidée à accélérer les étapes, en échange de l’indépendance du Kosovo. Région que, paradoxalement, lors des négociations, la Serbie n’a, à aucun moment, demandé à inclure dans la négociation (un fait peu connu du public et totalement passé sous silence en Serbie).

2009-2010.
L’objectif européen, même s’il n’est pas affiché, est un scénario du type : adhésion de la plupart des pays de la zone, surtout des deux ennemis historiques – Serbie et Croatie – dans un même mouvement, à défaut d’un même moment, avec une mise en orbite, progressive, de l’autonomie puis de l’indépendance du Kosovo.

Si l’Union européenne réussit au Kosovo en 2008, et dans les Balkans en 2009, là où elle avait échoué dans les années 1990, l’Europe aura au moins réussi, à tourner une page douloureuse de son histoire. Si elle échoue, ce sera terrible pour la région, pour l’Europe aussi. Dans tous les cas, elle n’échappera pas à une question fondamentale : sa responsabilité dans les évènements passés.
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2 août 2008 6 02 /08 /août /2008 08:01
L’idée d’un tel récit est venue dès les premiers soubresauts en Yougoslavie, en 1990-1991. Quand j’assistais, comme un spectateur attentif, mais somme toute un spectateur passif, non seulement à l’effondrement d’un régime et d’un Etat mais aussi du retour de l’innommable, de la barbarie, fondée sur la pire idée : celle d'un pays ethniquement pur.

Nous étions partis, en ce mois d'août 1990, - avec deux autres confrères - pour des vacances "studieuses" dans ce pays, si proche, mais où déjà se produisaient des bruits de botte bizarres. Notre tournée de trois semaines nous emmena de Ljubljana à Belgrade, en passant par Sarajevo, le sandjak (Novi Pazar), Pristina. A notre retour de voyage, nous étions convaincus qu'il y avait beaucoup de choses à raconter. Et fîmes à Paris le tour des rédactions. Mais... Saddam Hussein venait d'envahir le Koweit et, en réaction, les Etats-Unis aidant les monarchies arabes (ou le contraire) avaient déclenché avec leurs alliés occidentaux la (première) guerre du Golfe. Et, autant dire que nous étions "un peu déclarés". Un de nos interlocuteurs eut la clairvoyance - cynisme ou franchise (c'est selon) - de nous dire "très intéressant, ... mais bon... Revenez-nous voir. Quand il y aura des morts"...

Un an plus tard, il commençait à y avoir des morts. Je suivais le sujet "Europe de l'Est - Urss" pour la Truffe, quotidien éphémère français. Il faut bien dire que la Yougoslavie,  où chacun prenait partie, pour les Croates assiégés, pour les Slovènes libérés, les Kosovars emprisonnés ou les Serbes minorisés paraissait incompréhensible pour nos yeux d'Occidentaux... beaucoup plus captivés par le "coup d'Etat" en Urss qui mit un terme à l'expérience gorbatchevienne (lire à ce propos ce que dit Gorbatchev de l'Etat Nation)... Et pourtant, déjà présentes, vinrent des questions : l’Europe était-elle responsable ? En quoi est-elle coupable ? Questions lancinantes auxquelles, je n'ai jusqu'ici pas trouvé de réponse. Car, comme beaucoup, à l'époque, j'ai laissé faire... sinon écrire quelques articles.

Aujourd'hui, les années ont passé. Le temps s'est écoulé. Maints ouvrages ont été écrits sur les Balkans. J'en ai lu quelques uns. Les uns cernent les responsabilités de l’Onu. Les autres témoignent des conditions difficiles pour survivre dans ces moments. Les derniers mettent en évidence la part serbe démoniaque dans ce naufrage collectif. Peu se sont intéressés au rôle de l’Europe, sauf pour dire qu’elle n’avait aucun poids. Cette assertion mérite d’être nuancée.

L'objet de ce récit est donc de mettre en relief le contexte de l'époque et de rassembler le maximum de témoignages des différents acteurs européens (responsables politiques, diplomates, militaires...) sur leur vision de l’époque. Comment a-t-on pu laissé s’échapper une telle situation ? Comment alors que l'Europe était effectivement "naine" sur la scène internationale est-elle intervenue ? ...

Quelques années après, le temps du témoignage et de la prise de responsabilité semble venu.
Quand l'Europe faillit à la paix...

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14 novembre 1991 4 14 /11 /novembre /1991 01:03
Vukovar se sent abandonné. Voilà 83 jours que la ville croate située à quelques kilomètres de la frontière avec la Serbie sur les rives du Danube subit les assauts de l’armée fédérale. Et depuis la mi-août, sa résistance s’amenuise de jour en jour. L’isolement se fait sentir au point que le commandant local des forces armées croates a la semaine dernière accusé les autorités de Zagreb (Croatie) de les avoir abandonnés. Entre les deux camps hostiles, les civils seront - comme dans tous les conflits - les principales victimes du choc final. La majeure partie d’entre eux a déjà fui, qui en Hongrie en Croatie ou en Serbie. Les quelques milliers de civils qui s’accrochent encore à leur maison auront le choix entre mourir sous les obus, être exécuté par un militaire déchainé ou exploser sur une mine. A moins qu’entre temps, un accord de cessez-le-feu ne vienne redonner un souffle d’air à la ville assiégée.

(article paru dans "La Truffe" quotidien français éphèmère, 14 novembre 1991, © NGV)
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13 novembre 1991 3 13 /11 /novembre /1991 00:57

Ne pas reconnaître, c'est maintenir la pression
Depuis trois mois, la Slovénie et la Croatie se sont proclamées Etats indépendants. Et depuis trois mois, les Etats européens lui refusent cette indépendance. Mais la ferveur du “non” du début n'y est plus. On est passé progressivement du “refus”, puis d'une notion floue “d'indépendance négociée”, à la réalité d'aujourd'hui : “l'indépendance, d'accord. Mais... pas tout de suite”. Comme le note un responsable britannique, “il est bien évident que la fédération est fichue. (Mais) ne pas reconnaître immédiatement la Slovénie et la Croatie, c'est une manière pour nous de maintenir la pression, de forcer chacune des parties à trouver une solution amiable à la sortie de la fédération”. Conséquence de cette pression, les Slovènes et les Croates tentent le forcing pour affirmer par tous moyens leur souveraineté.

Qu'est-ce qu'un Etat ?
Au sens classique, en effet, un Etat est constitué quand un gouvernement exerce effectivement son pouvoir sur un territoire et un peuple donnés. Toute la difficulté est alors de déterminer ”l'effectivité” de ce gouvernement. Pour Jean Combacau, professeur à l'institut des hautes études internationales de Paris II, ”il faut que ce gouvernement ait réellement le contrôle de cette autorité. En Croatie par exemple, on ne peut, si l'on s'en tient à la rigueur juridique, estimer qu'il y a un Etat croate tant que l'ancien gouvernement central réussit à maintenir une parcelle importante de son autorité.” Pour la Slovénie, cela parait plus simple. Car “en retirant ses armées, et laissant la Slovénie se gouverner, Belgrade a, somme toute, reconnu de façon tacite, mais claire, l'indépendance slovène”. Reste à établir les traces de cette souveraineté. D'une part, la Slovénie, comme la Croatie, émettent depuis un mois leurs propres passeports, reconnus aujourd'hui par plusieurs Etats européens, un premier pas important vers la reconnaissance diplomatique. D'autre part, même si la frontière interne en Yougoslavie n'existe pas encore de manière tangible, les postes frontières “externes” sont désormais gardés par des agents slovènes. Seule ombre au tableau : la monnaie. Certes, la Slovénie a adopté une monnaie nationale, mais le Tolar n'est pas encore accepté dans l'usage de tous les jours. En outre, le gouvernement de Ljubljana continue - en douce - d'imprimer du dinar... yougoslave !

Ceux qui ont reconnu, ceux qui ne l'ont pas
Si quasiment tous les Etats d'Europe, même ceux qui n'en font pas partie, comme la Suisse ou les pays nordiques, disent s'aligner sur la position de la Communauté Européenne, chacun nuance son alignement. Tous les Européens souhaitent un consensus mais sans avoir quel contenu lui donner. Certains ont ainsi reconnu la validité des passeports croates et slovènes. D'autres s'affirment prêts à reconnaître les nouveaux Etats... mais seulement quand un autre aura franchi le premier pas. En clair, chacun attend le premier acte de reconnaissance. L'Allemagne et l'Italie semblent bien placés dans cette course au leadership...
Groupe 1 : reconnaissance de l'indépendance = Estonie...
Groupe 2 : reconnaissance des passeports = Autriche, Italie, Tchécoslovaquie, Hongrie...
Groupe 3 : attend le premier geste = pays nordiques...
Groupe 4 : la Communauté = Danemark, Espagne (“on ne peut contraindre des gens qui ne le veulent pas à vivre ensemble”), France

(article paru dans la Truffe, 13 novembre 1991 © NGV avec infographie JSI)
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12 novembre 1991 2 12 /11 /novembre /1991 01:21
Pendant que ses canons continuaient de marteler la ville historique de Dubrovnik, l’armée fédérale abandonne d’autres zones en Yougoslavie. Une absurdité yougoslave de plus ou une nouvelle tactique …

L’armée fédérale yougoslave a décidé - plus que jamais - d’en finir avec Dubrovnik et d’intégrer la ville croate dans les territoires serbes, avant l’arrivée imminente de troupes internationales. “Quelque 3.000 obus sont tombés sur Dubrovnik dimanche”, selon l’agence croate Hina, et “les attaques conjuguées par terre et par mer ont touché, incendié et détruit 17 hôtels de la ville et 122 bateaux à quai dans le port de Gruz.

Dimanche, des obus étaient tombés pour la première fois sur la forteresse Minceta datant du XVème siècle, dans le centre historique de la vieille ville placée sous la protection de l'Unesco”. Au mépris des conventions sur la protection des biens culturels et malgré les “instructions donnés par le commandement de l’armée fédéral de préserver les monuments historiques”.

Cette accélération de l’offensive sur Dubrovnik marque un changement dans la tactique serbe. L’offensive n’a ici plus de raison ethnique majeure, la ville de Dubrovnik comptant moins d’un quart de population serbe. L’armée fédérale se bat désormais - avant l’arrivée de troupes internationales désormais désirées autant par les Serbes que par les Croates - dans des secteurs susceptibles de servir de points d’appui à une république de Serbie-Monténégro agrandie. Elle abandonne les fronts lointains de la zone - et de la logistique - serbe.

Dimanche ainsi, un accord local de cessez-le-feu absolu était ainsi signé - et relativement respecté - sous les auspices d'observateurs de la CEE à Sisak, située à moins de 50 kilomètres de Zagreb. A Rijeka, sur la côte dalmate, lundi matin, le blocage du port était levé et les chars du corps d'armée de Rijeka rapatriés sur des bateaux jusqu'à Bar au sud du pays. Une fois cette reorganisation tactique achevée, l’ONU pourra intervenir…

(article paru dans la Truffe, 12 novembre 1991, © NGV)
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7 octobre 1991 1 07 /10 /octobre /1991 00:53
La guerre d’intoxication bat son plein en Yougoslavie. Les fédéraux Serbes forts d’une puissance théorique de 700.000 hommes, masquent un taux de désertion important. Les sécessionnistes Croates pleurent sur un approvisionnement en armes, qui ne semble pas sur le terrain être si pitoyable.

Sur le papier, l’armée fédérale yougoslave est toute puissante. Forte de 180.000 hommes en temps ordinaire, elle dispose d’un réservoir théorique de 510.000 réservistes. Mais pour combien de temps encore ? Plus le temps passe, plus ses forces, malgré l’ordre de mobilisation générale et de rappel des réservistes, au lieu de monter en puissance, ont tendance à se réduire telle une peau de chagrin. Après les Slovènes et les Croates qui ont abandonné l’armée fédérale en même temps que leur Etat se proclamait indépendant, le 25 juin dernier, l’heure est aujourd’hui pour toutes les composantes de l’armée au sauve qui peut. Les Albanais et les Musulmans sont des recrues peu sûres. Les Macédoniens et les Hongrois trainent des pieds pour venir s’enrôler. 5000 conscrits de Voïvodine refusant de partir à la guerre sont déjà partis se réfugier en Hongrie. La Hongrie qui pour éviter toute tension supplémentaire avec le gouvernement de Belgrade exige de toute personne passant la frontière, qu’elle dépose ses armes en entrant. Même, les jeunes Serbes ne montrent pas un enthousiasme forcené. Seuls 15% des Serbes de Sarajevo (Bosnie) ont répondu à l’appel et selon l'hebdomadaire indépendant "Vreme", la situation est identique en Serbie. La conscription n’a jusqu’à présent permis de lever que 15% seulement des serbes de Belgrade et 50% dans toute la république. D’autant que les troupes déjà incorporées commencent à déserter par vague, comme cela s’est produit il y a dix jours dans une caserne d’Herzégovine où six cent réservistes serbes ont plaqué leur unité et sont rentrés chez eux sans plus de formalités ; et sur le manque de combativité de l’encadrement - le commandement de la base n’a pu que laissé faire ; il a juste désarmé les peu enthousiastes guerriers et promis des “poursuites conformément au code militaire".  Par ailleurs, le “suicide” lundi 30 septembre du contre amiral Barovic, un des commandants de l’état major fédéral est un signe plutôt négatif du moral des troupes. Ce n’est pas les quelques centaines de volontaires des milices serbes incorporés à l’armée fédérale qui pourront compenser ces pertes (cf tableau), sans compter les pertes en matériel, au moins une dizaine d’avions et environ une centaine de chars.

La situation n’est plus brillante chez les Croates
puisque selon Milos Vasic, spécialiste militaire de Vreme, “10.000 Croates ont déjà trouvé refuge en Slovénie (en Italie ou en Autriche) pour éviter de faire leur service dans la Garde nationale”. Si le rapport de forces ne permet pas aux “fédéraux” de remporter une bataille décisive dans les jours prochains, les Croates pourront dédier une de leurs prières au… maréchal Tito ! Le “vieux” à force de clamer les mérites de l’autogestion, et de vouloir réactualiser la lutte des partisans avait en effet fait un choix stratégique et politique d’institutionnaliser le port d’armes, les fabriques locales de fusils - une tradition particulièrement vivace en Bosnie - et plus sérieusement l’implantation de DCA dans certaines usines. Il a ainsi offert aux différentes républiques “autonomes” des capacités opérationnelles - avec détachements territoriaux et instruction de réservistes. Un curieux renversement de l’histoire, dont l’Armée “populaire yougoslave” se passerait  bien aujourd’hui. Comble de l’ironie, les responsables croates qui avaient déclaré dans un premier temps qu’ils ne voulaient plus entendre parler de défense territoriale semblent contraints par les faits de s’adapter rapidement à une pratique d’armée populaire. Tandis que les Serbes tenant d’une armée populaire se replient peu à peu sur une armée professionnelle.

(article Paru dans la Truffe 7 octobre 1991 © NGV - infographie JSI)

Annexe - les forces en présence

a) QUI RESTE-T-IL DANS L’ARMEE FEDERALE…
Professionnels (80.000)
* serbes     40.000
**autres    30.000
***    10.000
Appellés (100.000)
* serbes, monténégrains    40.000
** albanais, musulmans, macédoniens     20.000
*** hongrois, croates, slovènes    40.000
Réservistes (510.000)
* serbes, monténégrains    60.000 hommes
** divers    30.000
*** hongrois, croates, slovènes, albanais, musulmans, macédoniens, serbes déserteurs   
Total forces sûres disponibles (maximum de capacité)    140.000 hommes

Légende : * = troupes sûres, ** peu sûres, *** absents (déserteurs, réfractaires, neutres, adversaires…)
NB : attention, ces chiffres ne sont qu’une évaluation de la situation, ils permettent de donner une idée de la situation et ne peuvent être considérés comme scientifiquement exacts, vu le peu de connaissance de la composition sociologique de l’armée yougoslave.

Total forces croates (minimum)    60.000

b). CARTE DES APPROVISIONNEMENTS EN ARME
Malgré ce qu’ils peuvent laisser croire, les Croates, comme leurs voisins Slovènes se sont équipés de façon plus que satisfaisante en armement neuf. Seul handicap - et de taille - ils ^n’auraient (pour l’instant) pas comme l’armée fédérale d’armements lourds, une aviation et une marine. En effet, en quelques mois la Yougoslavie s’est transformé en un vaste marché d’armes où se retrouve non seulement l’arsenal du défunt pacte de Varsovie, mais aussi des armes occidentales ou des pays en voie de développement. Selon l’hebdomadaire spécialisé Jane's Defence Weekly, l’ensemble des bélligérants a reçu “depuis juin pour plus de 15 millions de dollars (soit 84 millions de francs) d'armes individuelles du "marché noir" et de fournisseurs étrangers agréés.”

Armée fédérale (Belgrade)
Terre     1.850 chars lourds dont 850 T-54/55,
Artillerie    1.934  canons tractés, plus de 6.000 mortiers
Air    455 avions de combat MIG,  198 hélicoptères armés.
Marine    5 sous-marins, 4 frégates  lance-missiles, 59 patrouilleurs et garde-côtes

Milices serbes
approvisionnement de :
    - Israël,
    - Armée Fédérale

Croates
    - Hongrie (Kalatchnikoff)
    - Singapour (fusils d’assault SAR-80 de la Charterde Industries of Singapore)    - Stinger (fabrication Usa - transit Chypre - destiné Afghanistan)
    - Israel (carabines sophistiquées de précission Steyr Police ou des mitraillettes israéliennes UZI)
flux continus
    - Italie (fusils italiens à canon lisse Franchi Spas 12
    - Autriche
    - Australie
    - Allemagne (Lance roquettes anti-chars allemands MBB)
   + Armée fédérale (stock territorial)

Lieux de fabrication
    Hélicoptères (Serbie sud est de Belgrade, 80 kms)
    Chars (Bosnie - près Sarajevo)
    L'usine Zastava fabrique les M72 et AK47 à Kragujevac (Serbie)
    A Mostar (Bosnie) : fabrication d'avions Galeb et SuperGaleb

c) Répartion de la population
Serbes    36%
Croates    20%
Musulmans    9%
Slovènes    8%
Albanais    7%
Yougoslaves    5%
Monténégro    2%
Hongrois    2%
divers    5%

(article paru dans la Truffe, quotidien français, novembre 1991)
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2 octobre 1991 3 02 /10 /octobre /1991 02:01
La guerre en Yougoslavie n'est pas seulement ethnique, comme veulent le laisser croire tous les commentaires, c'est aussi - et surtout - une guerre économique, entre un ”nord” plus richement doté qu'un ”sud”.

Superposez la carte des enclaves serbes en Croatie ou Bosnie et celle des combats, vous ne comprenez pas tout. Superposez la carte des “avancées” depuis un an de la Serbie sur les autres républiques ou provinces autonomes - telle que les avait dessinée Tito - et celle des principales richesses économiques, la coïncidence devient plus troublante. En effet l'amputation de zones aussi riches que les champs de pétrole en Croatie - qui couvrent près d'un quart des besoins du pays -, les riches terres agricoles de Voïvodine, le sous sol et les ressources hydroélectriques qui enrichissent l'industrie de Bosnie, enfin les gisements de lignite et de plomb notamment du pauvre Kosovo risquent d'être une perte mortelle pour la Serbie de Tito. Une Serbie qui ne pourra alors que faire pâle figure sur le marché mondial avec des zones agricoles ou minières (cuivre) étroites - essentiellement dans la vallée de la Morava - et des industries “en décrépitude” mondiale (sidérurgie, textile, mécanique), le tout sans un seul débouché maritime. En effet, le découpage “diabolique” des frontières intérieures, dignes du meilleur équilibriste, n'a accordé l'air marin qu'à trois des quatre “grandes” républiques, Bosnie, Croatie et Slovénie. Or cette ouverture est non seulement nécessaire d'un point de vue stratégique mais surtout économique. Le tourisme assure en effet, bon an, mal an, une rentrée de devises importante, la deuxième du pays. Un pactole qui risque bien d'aboutir dans l'escarcelle d'une Croatie indépendante. Pas étonnant donc que la première préoccupation des Serbes soit d'assurer le contrôle - ou la destruction - de ces régions, en utilisant des arguments historiques aussi confus que le fut l'histoire de la Yougoslavie !

(article paru dans La Truffe octobre 1991, © NGV)
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27 septembre 1991 5 27 /09 /septembre /1991 01:04
On avait connu un élan de générosité sans précédent pour la “libération” de Bucarest, un charter de personnalités pour le mur de Berlin, l’engouement des hommes politiques pour Elstine il y a peu. Pour la Yougoslavie, foin de toute intensité philosophe. La communauté “qui réfléchit” reste dans sa grande majorité d’un hermétisme prudent.

Nos chers intellectuels, sont d’ailleurs pour la plupart, davantage étonnés de notre question, que du sujet. Ainsi Alain Finkelkraut s’est “déjà exprimé sur le sujet début juillet dans Le Monde et prépare une émission le 5 octobre sur France Culture”. Suffisant ! Et Alexandre Adler du journal Libération estime que“… les enjeux sont bien trop petits pour qu’on puisse taxer les Yougoslaves d’impérialistes. Ils ont déjà mis en l’air plus de la moitié de leur PNB pour l’année”.

Ceux qui tentent d’expliquer : Rony Braumann, président de Médecins sans frontières : “la Yougoslavie, c’est premièrement, une guerre civile et pour l’opinion publique, rien ne vaut une minorité de méchants face à une majorité de bons ; deuxièmement les Balkans, c’est la peur du début du siècle qui renait devant des crises qu’on croyait enfouies”. Ou, Gérard Fuchs, chargé des relations internationales au Parti Socialiste, ”On reste bloqué par une situation dont on a perdu l’habitude depuis les prémices de la première guerre mondiale. Dans ce conflit là, à qui s’identifier pour des porteurs de morale ? Il n’y a pas dans cette affaire de façon évidente, le droit et le non droit, le bon et le mauvais”.

Ceux qui hierarchisent un idéal d’action pour l’Europe, comme André Glucksman : “ de quel ordre auraient dues être les positions : 1) la fédération a des droits moindres que les ethnies dans les nations ; 2) dans chaque nation les ethnies et minorités ont des droits supérieurs aux majorités ; 3 le droit des minorités elles-même n’est pas un droit absolu”.

Ceux qui demeurent prudemment aux abonnés absents, comme Bernard Kouchner, secrétaire d’Etat ”aux grandes causes” ; sa seule sortie à l’AFP et dans le Monde, a vu notre apôtre des bonnes causes se cramponner désespérement au credo du “droit à l'ingérence humanitaire pour imposer la démocratie … y compris en Yougoslavie”.

Et enfin, ceux qui ont déjà enterré la Yougoslavie, comme Jack Lang, ministre de la culture, a pris une décision courageuse, “inscrire sur l’inventaire des monuments historiques la Chapelle Saint Save et la salle de lecture du fort Foch à Niederhausbergen”.

Merci Tonton, doivent dire tous les Yougoslaves à genoux suppliant que leur pays soit inscrit sur la liste des grands chantiers de l’an 2000 !

(article paru dans "La Truffe", 27 septembre 1991, © NGV et Dorothée Noblet)
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23 septembre 1991 1 23 /09 /septembre /1991 01:10
Strasbourg , 18h30, quelque part dans un coin du Conseil de l’Europe, diplomates, députés et journalistes battent la semelle autour d’un café ou d’un thé. Ils attendent… l’arrivée de “catcheurs” de choix, les différentes représentants des assemblées parlementaires yougoslaves. Peu d’exclamations mais à mi-voix une atmosphère hésitant entre celle d’une salle de boxe avant le combat et celle d’une chambre mortuaire avant l’arrivée de la dépouille.

18h45, les protagonistes arrivent. Silence ! On se serre la main, courtoisement et chacun prend place autour de la table ronde. Le Croate et le Serbe se retrouvent face à face, le hasard alphabétique ayant bien fait les choses. Bogdana, présidente de l’assemblée fédérale yougoslave discute, d’un air attristé, avec Zarko, le croate, comme deux époux qui s’aiment encore et se retrouvent devant le juge matrimonial pour constater leur divorce. Le gong du président retentit - une cuillère sur un verre - les photographes se retirent, la place est libre. Honneur aux dames…

Bogdana, la fédérale, entame alors le long énoncé d’une position intenable “la remise en cause des frontières ne peut que se faire à l’intérieur du Parlement fédéral”, suivie d’une évidence pour tous - sauf pour les Yougoslaves - “toute solution, même des Etats indépendants devra amener une coexistence en tant que bons voisins”. Et surtout une lente nostalgie, ”il y a peu de temps, dans cette même salle, on aurait parlé de l'intégration européenne, alors qu’aujourd'hui…” Un ange passe !

Zarko, le croate, attaque. “L'objectif serbe est l'annexion de la Croatie et la création d'ethnies pures” et “la réponse internationale inadéquate”. Il plaide, “la Croatie ne menace personne, respecte les droits de l'homme et les droits des minorités mais est décidée à se débarrasser de la force d'occupation et du communisme”. Mais Zarko est désolé car… “la Croatie est obligée de maintenir son indépendance puisque le peuple en a décidé ainsi… à plus de 75%” ! Peuple, ce mot revient tout le temps. Argument suprême, glaive de choix, guillotine de discussion, même si aucun des protagonistes ne s’affirme plus communiste, la méthode dialectique reste bien ancrée dans les esprits. Près de 50 ans d’éducation marxiste ne s’effacent pas par la méthode Coué.

19h30, petit interlude… Asim, le monténegrin, et Stojan, le macédonien, énoncent l’un en serbe, l’autre en anglais des propos trop bafoués pour être réels tel “l’appel au dialogue” ou “tout exclusivisme ne peut qu'aggraver la situation”. La salle ne les écoute plus. Trop insignifiants… Catherine Lalumière, présidente du Conseil de l’Europe s’est d’ailleurs éclipsée… discrètement.  Chacun piaffe d’impatience d’entendre le Serbe. Qu’on en finisse…

Aleksandar parle enfin, en français, pour attendrir son auditoire. D’un ton sec, saccadé, entrecoupé de rappels historiques pour ajouter à la confusion, il énonce “ce qu’on ne dit jamais (…) : en Serbie, la paix règne”. (…) Et  - il le jure -  ”la Serbie n’est pas en guerre avec qui que ce soit”. Tout est dit.

Et ce n’est pas Franc, le Slovène, qui va arriver à redresser ce non-dialogue. La nouvelle politique yougoslave, faite de 'bruit et de fureur' a percé à Strasbourg. Le texte était à la hauteur des attentes, incompréhensible…

(article paru dans La Truffe, 23 septembre 1991,  © NGV)
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