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26 mai 2009 2 26 /05 /mai /2009 18:30

Le Contre-Amiral français Jean-Pierre Labonne a tenu, durant six mois, la fonction d'adjoint au chef d'opération Atalanta ». Lors de plusieurs rencontres, notamment à Djibouti en mars, nous avons pu converser librement et il s'est prêté au jeu des questions réponses.

En avril et ces dernières semaines, on a vu se multiplier les attaques non pas dans le Golfe d'Aden uniquement mais aussi dans l'Océan indien ?
C'est spectaculaire et préoccupant. Cela nous conforte dans l'idée qu'il faut réadapter le dispositif en rééquilibrant nos interventions entre les deux zones : le Golfe d'Aden et les Seychelles. C'est une équation délicate. On ne peut pas baisser la garde dans le golfe d'Aden. Nous avons planifié un renforcement de notre présence dans le sud-est de la zone. Mais cette zone - l'Océan indien - est encore plus vaste que le Golfe. Nous examinons notamment l'idée d'avoir davantage de moyens aériens qui permettent d'avoir une plus large couverture.

Un avion permet de stopper les attaques ?
Pas automatiquement. L'important est de repérer les navires suspects. L'avion que nous employons (avion de patrouille maritime) n'est donc pas un avion de combat. Mais il est équipé de tous les moyens de détection infrarouge, de radar, et a des observateurs à bord. Cela a deux utilités : soit une frégate est dans la zone, et on peut ainsi aisément la guider pour détecter le bateau mère ; soit il n'y a pas de moyens, et cela nous permet de déclencher l'alerte.

L'exemple du Tanit (voilier français pris en otage en avril) montre que des plaisanciers se hasardent encore dans cette zone. Que faire ?
On ne peut pas interdire à un plaisancier de naviguer où il souhaite. Mais nous déconseillons formellement à tous ceux qui n'ont pas d'obligation professionnelle de naviguer dans cette zone du Golfe d'Aden et de l'Océan indien. Car, malgré tous nos efforts, la navigation reste à risque
"++". Ce n'est pas vraiment le lieu pour aller faire de la plaisance. Il faut en prendre conscience. Le risque est d'autant plus grand qu'un voilier de plaisance est une cible de choix, par sa lenteur et son bord abaissé mais aussi par sa signification et sa valeur. Pour le pirate, un bateau de plaisance, cela signifie que derrière il y a aura quelqu'un pour payer la rançon. C'est, en quelque sorte, une banque navigante, avec la clé sur le coffre ...

Ces pirates semblent bien organisés ?
Ils utilisent des modes à la fois très rustiques à l'image de leur mode de vie - l'armement dont ils disposent est plutôt ancien - et des moyens modernes (téléphone satellitaire, GPS ...). Ce sont de bons navigateurs. Ce ne sont pas des amateurs. Rien que pour aller chercher des bateaux à 400-500 miles nautiques des côtes, cela nécessite une endurance à la mer, une vraie culture maritime derrière. Ils sont aussi bien organisés, même si l'organisation peut varier d'une région à l'autre. Ceux qui attaquent ne sont pas ceux qui gardiennent ou négocient et ceux qui gardent en otage. Ils apprennent très vite également et s'adaptent. Notre véritable crainte est que plus les rançons soient payées, plus ils se donnent des moyens pour s'organiser.

Que conseillez-vous aux armateurs dont les bateaux sont capturés : payer la rançon ?
On ne conseille pas vraiment les armateurs. On les laisse complètement libres. Et c'est de leur responsabilité. La logique est de sauver la vie de l'équipage. Mais en payant la rançon, on entretient la dynamique du piratage, l'appât du gain.

Pourquoi vous n'intervenez pas militairement?
Quand les pirates ont pris les gens en otage, cela change la nature de l'intervention. Et ce n'est plus du ressort d'EUNAVFOR. C'est de la responsabilité de l'État (du pavillon ou de la nationalité des otages). Et tous les États ne sont pas résolus à intervenir, ou n'en ont pas la capacité. Il faut observer que les conditions d'intervention ne sont pas idéales. Loin des bases habituelles et dans un milieu qui n'est pas familier, cela nécessite une technicité et un niveau de maîtrise, assez rare. Et, surtout, il faut un engagement politique de haut niveau, l'armateur ayant tendance à avoir une négociation et payer la rançon. Car il y a risque que cela échoue, qu'il y ait des victimes parmi les équipages ou les otages n'est pas négligeable. Une intervention armée, une fois que les pirates sont à bord, est toujours dangereuse. D'où notre défi quotidien : arriver avant que les pirates aient pris pied à bord du bateau. Il faut faire très vite.

Quel premier bilan tirez-vous de l'opération ?
En matière d'organisation, de montée en puissance, on a réussi en quelques mois à monter à partir de zéro, une opération cohérente qui tient la route, avec une force en mer. Et nous avons développé des modalités de coopération, avec le monde du commerce maritime. Ce qui, en soi, est très nouveau ; le monde de la mer ayant une tradition de liberté. Il lui a fallu accepter une certaine régulation face au risque, comme l'inscription sur le système MSCHOA que nous avons développé (NB : les navires traversant la zone inscrivent dans une base informatisée, leur trajet et la cargaison transportée) et la circulation d'informations.

Et la coordination avec les autres forces présentes ?
Se coordonner est sans doute un grand mot. Mais nous échangeons régulièrement des informations non seulement avec l'OTAN et les Américains - ce qui est assez facile - mais aussi avec les Russes, les Chinois, les Indiens, ce qui est nouveau. Et cela marche bien. Quand un navire envoie un signal de détresse, personne ne se préoccupe de savoir quelle est la nationalité du bateau, c'est celui qui est le plus proche qui se porte à son secours. Sans hésiter...

La piraterie semble sans fin, et la solution militaire un pis aller ?
Nous sommes absolument conscients que l'opération militaire permet juste de limiter le risque. Mais pas de le supprimer. Nous savons tous qu'une solution de long terme passe par une approche globale, pour redonner à la Somalie tous les outils de l'État de droit, une justice, une police, des gardes-côtes, capables de maîtriser non seulement ce qui se passe dans leurs eaux territoriales mais aussi dans la zone des 200 miles (zone économique exclusive). Cela passe aussi par le développement, pour redonner des revenus possibles à la population, par l'agriculture ou la pêche. C'est extrêmement difficile. Quand on sait que le revenu ne dépasse pas un dollar par jour et qu'un pirate en une seule prise peut en toucher plusieurs milliers, cela représente bien l'enjeu qu'on doit vaincre pour changer la donne. Mais l'Europe peut le faire.

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26 mai 2009 2 26 /05 /mai /2009 13:21


(mise à jour 26 mai soir) Baptême du feu pour les marins suédois de l'opération Atalanta. Ils ont appréhendé, mardi matin, 7 pirates qui étaient partis à l'assaut, très tôt à l'aube (une habitude!), d'un vraquier grec dans le Golfe d'Aden, le MV Antonis. Une attaque opérée à l'aide des armes légères et roquettes RPG. Le signal de détresse a été capté par la corvette suédoise de l'opération Atalanta, HMS Malmö, qui était à environ 9 miles du navire, et s'est immédiatement dirigé vers la zone (la corvette plus petite qu'une frégate peut en revanche se déplacer rapidement à une vitesse de 30 noeuds environ).

Au contact visuel, le Malmö a donné un tir de semonce et des fusées éclairantes, selon la procédure éprouvée des règles d'engagement d'Atalanta. Les deux skiff pirates ont alors cherché à fuir. Le HMS Malmö a pris en chasse un des deux. Ce n'est qu'au bout de 20 minutes, sentant sans doute la partie perdue, que les pirates ont abandonné. Ils ont jeté par-dessus bord certains équipements. Des tirs de mitrailleuse ont pu les immobiliser. Un détachement de marins suédois a pu s'approcher du skiff, appréhendé les suspects. A bord, ils ont trouvé deux pistolets, GPS et grappins ainsi que réserves d'essences. Les pirates ont été "mis au chaud" sur le Malmö en attendant leur destination. Soit la Grèce (comme le MV antonis), soit le Kenya (avec l'accord signé par l'UE), mais pas la Suède. "Ce n'est pas dans nos cartes" a précisé le responsable de presse du ministère, Anders Jörle.

Early this tuesday morning suspected pirates attacked a Greek Bulk Carrier in the Gulf of Aden.  The pirates fired upon the ship with small arms and RPG (Rocket Propelled Grenade). According EUNAVFOR HQ "A distress call was picked up by the EU NAVFOR Swedish warship HMS Malmo which immediatelly proceeded to the area". Malmo then got visual contact with the attacking skiff and fired warning shots and flares. The skiff stopped after pursuit and was boarded by a  Vessel Protection Detachment (VPD) sent out from Malmo.  On board the skiff some weapons, GPS equipment, grappling hooks and barrels of fuel were found. 7 suspected pirates were captured and are at present being held on board HMS Malmo for further investigation. The merchant vessel attacked was registered at the Maritime Security Center Horn of Africa (MSCHOA)

(photo et carte : marine suédoise)

Mise à jour (28 mai) : les pirates vont être remis aux autorités kenyanes en vertu de l'accord EUNAVFOR - Kenya. "Il y a suffisamment de preuves - enregistrement d'image et vidéo, témoignages - pour les traduire à la justice" estime Johan Henningsson, le juriste de l'unité, selon les forces armées suédoises. Des marins suédois accompagneront les prisonniers et seront peut-être amenés à témoigner.

La vidéo de l'armée suédoise


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25 mai 2009 1 25 /05 /mai /2009 23:05

Le gouvernement britannique a reconnu à ses gurkhas, enfin, le droit de séjour au Royaume-Uni. Depuis quelques années, la loi avait été changée. Et le soldat en fin de service devenait simplement un étranger, n'ayant donc plus droit au séjour... Une situation injuste et discriminatoire pour ceux qui avaient servi sa Gracieuse magesté (lire le site de leur campagne pour les droits civiques).

La bataille a été omérique et longue pour faire reconnaître le "prix du sang". Et elle n'est peut-être pas tout à fait finie. On a vu quelques députés, tant travaillistes que conservateurs ou libéraux démocrates prendre la défense des Gurkhas face à un gouvernement on ne peut plus entêté (Nb : le principal tenor de l'opposition, David Cameron, s'est, lui, rangé du coté du gouvernement pour l'occasion. Consulter la liste des députés opposés à cette mesure). 

Plusieurs personnalités, telle l'actrice Joanna Lumley ("Chapeau melon bottes de cuirs", "Absolutely fabulous"...) - née au Cachemire, son père a servi longtemps avec le 6e fusilliers Gurkhas -, se sont rangées aux cotés des soldats népalais. Ecoutez sur la BBC :" We owe them a debt of honour - a debt that will now be paid".

Le gouvernement s'est donc résolu à changer la règle. Mais du bout des lèvres : le gurkha qui a servi avant le 1er juillet 1997 doit avoir accompli quatre années de service avant de pouvoir obtenir un droit de séjour pour lui et sa famille (femme et enfants à charge). Depuis 2004, le Gurkha, qui a servi après le 1er juillet 1997, a déja droit au séjour, affirme le gouverment. (lire le communiqué du ministère de la Défense).

La brigade des Gurkhas a été formée en 1948, lors de l'indépendance de l'Inde, quand quatre régiments de l'ancienne armée indienne ont été versés dans l'armée britannique. Elle compte actuellement 3800 hommes, toujours recrutés au Népal et qui restent citoyens népalais durant leur service, et fournit 3% des effectifs des forces armés (8% de l'infanterie). Ils sont souvent employés dans les terrains à risque.

La France n'est pas épargnée par le principe de... discrimination. Malgré plusieurs arrêts du Conseil d'Etat, la France a, elle aussi, longtemps "chipoté" sur les droits de ses anciens combattants issus de ses anciennes colonies (Maroc, Algérie, colonies noires...) qui se sont battus durant les différentes guerres du XXe (guerres mondiales, Indochine, Algérie...). En particulier sur le versement des pensions. Depuis 1959, les pensions de retraite ou d'invalidité avaient été gelées, "cristallisées". Résultat : la pension pouvait être jusqu'à huit fois inférieure à celle de leurs coreligionnaires européens. Certes le montant de certaines pensions a été revalorisé dans la loi de finances de 2007. Mais pas totalement. Une situation contradictoire non seulement avec la morale mais surtout avec le droit européen, le principe de non-discrimination et les règles européennes de sécurité sociale. Près de 80 000 anciens combattants vivent encore (sur le million qui ont combattu, 100 000 environ sont morts). Voir le site des oubliés de la République


(crédit photos : campagne pour les droits des Gurkhas - armée britannique)

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25 mai 2009 1 25 /05 /mai /2009 18:59
Quasiment toute la planète est désormais réunie contre les pirates ! Il y avait déjà les Etats-Unis et la Russie, les Européens d'Atalanta, l'Inde et le Pakistan, la Chine et le Japon, les deux Corées, la Malaisie, l'Australie, l'Arabie Saoudite, le Yémen, l'Afrique du Sud ... - J'en oublie... Il y aura aussi... les Iraniens. Et en force. Le Golfe d'Aden et l'Océan indien deviennent ainsi le "nec plus ultra" où toute marine militaire digne de ce nom se doit être présente.

Le contre-amiral Habibollah Sayyari, commandant la marine de la république islamique, a ainsi annoncé, lundi, que l'Iran allait envoyer 6 navires de guerre et de logistique dans le golfe d'Aden et dans les environs. Le pays avait déjà décidé, le 15 mai, l'envoi de deux navires de guerre. La frégate Alborz accompagné d'un tanker de la classe Bander Abbas s'y rendent, selon mon collègue Wiegold de Focus. Décrite "sans précédent dans l'histoire de la marine iranienne", selon nos confrères de l'agence Fars News, le militaire iranien a ajouté: "Cette initiative importante indique le pays de la haute capacité militaire face à tout type de menace étrangère, le long des côtes du pays. " En plus de la sauvegarde des navires iraniens, ou liés de quelque sorte à l'Iran, les navires de guerre iraniens auront mission "d'aider tout autre navire étranger qui demandera de l'aide contre les pirates, d'aider le gouvernement somalien dans sa lutte contre la piraterie".
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25 mai 2009 1 25 /05 /mai /2009 08:00
Les Russes ne sont pas en reste. Samedi, alors que l'Admiral Panteleev escortait un convoi de six bateaux, les pirates s'en sont pris au bateau le plus lent du convoi. Deux skiffs rapides sont partis à l'abordage, relate l'agence de presse Ria Novosti. Le navire russe a alors riposté avec un tir de semonce. Les pirates n'ont semble-t-il pas demandé leur reste. Et ont filé. Cela démontre, une fois de plus, l'audace des pirates qui n'hésitent pas à attaquer sous le nez des navires de guerre, parfois...
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24 mai 2009 7 24 /05 /mai /2009 20:11
Le navire canadien membre de la force anti-pirates de l'Otan, déployée dans le Golfe d'Aden, le Winnipeg est intervenu - à nouveau (après l'intervention conjointe avec le Maestrale) - contre des pirates, apprend-t-on de la chaîne canadienne CBC - qui a à bord un de ses journalistes. Ayant repéré deux bateaux suspects, l'hélicoptère Sea King les a pris en chasse, à environ 80 kms du Yemen. Ayant dépêché un bateau de visite, les marins canadiens ont pu saisir à bord du premier skiff plusieurs armes (les classiques AK-47 et lance roquette RPG, ainsi qu'un fusil M16...). Les pirates ont tenté de passer par-dessus bord une échelle en aluminium mais celle-ci a été récupérée. Une heure plus tard environ, un deuxième skiff avec d'autres armes a été saisi. En tout, six suspects pirates ont ainsi été arrêtés, interrogés... et libérés! Aucun acte de détournement de navire n'ayant été prouvé, le droit international ne s'applique pas, explique-t-on coté canadien. Le Canada, comme l'Otan, n'ont surtout aucun moyen légal de remettre aux autorités voisines, n'ayant négocié aucun accord du type de ceux négociés par Atalanta ou les Etats-Unis avec le Kenya.

(photo : marine canadienne - avril 2009)
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23 mai 2009 6 23 /05 /mai /2009 07:00

Au dernier conseil des ministres des Affaires étrangères, le ministre néerlandais, Maxime Verhagen, a plaidé pour la mise en place d'un tribunal régional pour la piraterie en Afrique orientale. Cela devrait se faire "sous le parapluie des Nations-Unies. Les condamnés pourraient alors purger leur peine dans leur région", a-t-il expliqué. Cette position serait soutenue par plusieurs pays européens - l'Allemagne et le Royaume-Uni notamment -, selon le ministre néerlandais.

Les raisons de cet engouement pour la justice internationale sont diverses

Même si la convention internationale de Montego Bay (droit de la mer) prévoit la répression de la piraterie. le jugement ensuite de pirates somaliens, yéménites par des navires de guerre internationaux en pleine mer pose d'incommensurables problèmes juridiques. Sans compter les problèmes pratiques : comment assurer la traduction, la visite des familles par exemple... A cela s'ajoutent des préoccupations moins avouables, de basse politique interne. Ainsi les Pays-Bas (comme l'Allemagne et plusieurs pays européens) ne sont pas très friands de devoir rapatrier des pirates dans leur pays, de les juger, les emprisonner, même si leur loi permet une compétence universelle. Car cela les obligerait, ensuite, une fois la peine prononcée (ou s'il y a relaxe) à leur donner l'asile ou un droit de séjour. Le jugement, "au loin", est donc préférable. Les récentes déclarations d'un des pirates rapatriés aux Pays-Bas qui estimait qu'il préférait être "prisonnier aux Pays-Bas que libre en Somalie" et comptait faire venir sa famille par la suite, ont ravivé la crainte, très palpable, chez les Néerlandais, à l'encontre de ces pirates qui viennent s'installer dans leur pays (lire le Volkskrant).

Un tribunal international par la voie des Nations-Unies : Russes, Américains et Otan sont d'accord ?

On se souvient que le gouvernement russe (Medvedev et Poutine en tête) avait également plaidé dans un sens similaire il y a quelques semaines. Le procureur général de Russie, Alexandre Zviaguintsev, a résumé la position russe : "Le moyen le plus rapide de créer un mécanisme de justice internationale pour lutter contre les actes de piraterie maritime - a-t-il déclaré le 13 mai, selon mes confrères de Novosti - consiste à adopter une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU instituant un tribunal international pour juger les pirates, comme on l'a fait en 1993 et en 1994 pour la Yougoslavie et le Rwanda", a-t-il indiqué dans une interview au quotidien Rossiïskaïa Gazeta. Les autres scénarii — créer un tribunal par un accord entre les États concernés; placer la piraterie maritime sous la juridiction de la Cour pénale internationale ou mettre en place une chambre pénale auprès du Tribunal international du droit de la mer — impliquent la signature d'un traité international, ce qui prendra plusieurs années, selon lui. Sans compter l'hostilité par principe de certains pays (Chine, Inde, Etats-Unis...) à une Cour pénale internationale. Le porte-parole de l'Otan, James Appathurai a, quant-à-lui estimé que "l'idée d'un tribunal avec un parrainage éventuel de l'Onu mérite d'être explorée".

Kenya candidat à l'accueil d'un tribunal international... à condition qu'on l'aide

Le Kenya est volontaire. Le porte-parole du gouvernement Alfred Mutua, avait déclaré fin avril, que son pays était candidat à l'ouverture d'un centre anti-piraterie à Mombasa. Mais le gouvernement entend aussi que la communauté internationale soutienne cet effort. Il connaît fort bien les motivations des pays occidentaux à voir juger, loin de leurs yeux, les pirates. Ainsi, selon mes informations, l'Union européenne a déjà versé 1,7 millions d'euros destinés à moderniser les prisons et les tribunaux kenyans et de fait à "compenser" les livraisons de pirates. Mais, le Kenya estime que cette somme n'est pas suffisante. Et demande une réévaluation du montant...

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22 mai 2009 5 22 /05 /mai /2009 23:30
Une batterie de 96 missiles américains sol-air Patriot pourra être déployée en Pologne avant la fin de l'année, a déclaré à la presse Stanislaw Komorowski, vice-ministre de la Défense. La batterie serait installée dans les environs de Varsovie et une centaine de soldats américains stationneraient en permanence. Si l'on en croit le quotidien  Rzeczpospolita, cette annonce semble prématurée. Des divergences existent encore entre le gouvernement polonais et américain sur la date d'installation et les modalités opérationnelles. Le Pentagone n'a ainsi pas voulu indiqué exactement quand les Patriot seraient installés ("une négociation doit avoir lieu"). Mais il a précisé qu'ils seraient d'abord des fins "de formation et d'exercice" et non à visée opérationnelles (ils ne seraient notamment pas équipés de certains programmes informatiques nécessaires à la lutte anti-missiles). Une formule sans doute destinée à ne pas provoquer inutilement le voisin russe, mais qui ne plait pas vraiment à Varsovie. Où on ne veut pas de "Patriot" bacs à fleurs...
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22 mai 2009 5 22 /05 /mai /2009 18:20
La frégate italienne de l'opération européenne anti-pirates EUNAVFOR Atalanta a arrêté, vendredi matin, 9 pirates suspects. Ceux-ci avaient successivement attaqué deux navires marchands dans le Golfe d'Aden. Tout d'abord, aux petites heures de la matinée (c'est assez rituel), vers 6h10 TU (temps universel), ce fut le "Maria K" - un navire cargo grec, battant pavillon St Vincent et Grenadines -, qui subit une attaque en règle des pirates, à bord d'un skiff de couleur bleue. Avec coups de feu et usage - semble-t-il - de lance-roquette RPG. Répondant au signal de détresse, la frégate italienne ITS Maestrale qui ne se trouvait pas loin (20 kms environ) a dépêché immédiatement son hélicoptère sur la zone. Le navire canadien HMCS Winnipeg, qui était un peu plus loin (100 km) faisant de même. Ce qui a fait fait fuir les poursuivants.

Navire US pris pour cible. Les pirates se sont alors dirigés un autre navire, le "Maersk Virginia", propriété danoise mais battant pavillon américain (comme le confirme le Llyoyd's list). Il fait partie des 4 navires affrêtés par l'armée américaine pour le transport de matériel, et compte à son bord 19 Américains. Après un  tir de coup de semonce, le Maestrale a dépêché son équipe de visite qui a arrêté et désarmé les pirates. Le Winnipeg qui fait partie de la force de l'Otan n'a, en effet, pas de mandat pour traduire les pirates en justice. Ceux-ci sont détenus à bord du Maestrale pour plus d'investigation, annonce le QG d'EUNAVFOR, en attendant leur destination.
C'est le deuxième navire Maersk du programme de sécurité maritime US attaqué en l'espace de quelques semaines. Le "Maersk Alabama" avait été attaqué début avril. Le capitaine Richard Phillips avait été libéré au terme d'une intervention de l'armée US qui avait causé la mort de 3 pirates et la capture d'un quatrième, actuellement en instance de jugement (au tribunal de Manhattan) aux Etats-Unis. 

Un nouveau navire militaire dans la "trajectoire" des pirates. Si je compte bien, également, c'est en quelques semaines, le cinquième navire militaire ou d'une force militaire croisant dans le Golfe à être pris pour cible par les pirates, volontairement ou involontairement : 1) le pétrolier ravitailleur allemand Spessart (Atalanta) le 29 mars ; 2)
le navire de transport Maersk Alabama (US Navy) le 8 avril ; 3) le ravitailleur britannique Wave Knight (CMF) le 18 avril ; 4) la frégate française Nivose (Atalanta) le 3 mai ; le navire de transport Maersk Virginia (US Navy) le 22 mai. Cela commence à faire beaucoup !

(Mise à jour 25 mai) Les pirates pourraient être débarqués à Djibouti pour être présentés par vidéo-conférence devant le juge du tribunal de Rome en présence d’un avocat et d’un interprète, annonce la Stampa de dimanche. Ils risquent jusqu’à 20 ans de prison.

Pour voir des images prises par CBC à bord du navire canadien

(photo : marine italienne)
Friday morning suspected pirates attacked two different merchant vessels in the Gulf of Aden. A distress call was picked up by the Italian EU NAVFOR warship MAESTRALE that immediately sent a helicopter to the area. The pirates however turned their interest towards another merchant vessel being in the area, a Danish owned ship. By a boarding team thereafter sent out from the MAESTRALE, after arriving at the scene, the nine pirates were captured. They are at present being detained at the MAESTRALE for further investigation.
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22 mai 2009 5 22 /05 /mai /2009 09:55
(publié aussi sur le site de ouest-france.fr) Ignoré par certains, craint par d’autres, l’élargissement aux pays d’Europe centrale, ex-communistes, n’a pas été l’apocalypse annoncé. Au contraire…

Certes dans ces pays, les niveaux de vie restent encore différents. Et les risques d’un certain « dumping » fiscal ou social existent. Mais l’évolution économique est rapide. Et l’effet de rattrapage est visible. En cinq ans, l’écart entre les niveaux de vie de l’Ouest et l’Est tend à diminuer. Le nombre de délocalisations de l’Ouest vers l’Est s’est limité.  Et le mouvement d’immigration subit un mouvement de balancier. Les « plombiers » Polonais et « médecins » Slovaques rentrent au pays, suivant un même processus que leurs homologues espagnols ou portugais vingt ans plus tôt. Dire que ces pays menacent l’équilibre communautaire est donc exagéré.

Certes la question du nombre et de la traduction reste un casse-tête permanent. Passer de 11 à 23 langues officielles n’est pas une sinécure. De même, tenir des réunions à 27 fait perdre beaucoup de convivialité. A raison de quelques minutes par personne, un simple tour de table prend une heure et demie ! Mais politiquement, l’Europe n’a pas ralenti son rythme d’intégration. Le délai pour adopter un texte européen  n’a pas augmenté. Au contraire, le nombre impliquant une discipline plus grande, les experts ont pu noter que le nombre d’accords en « première lecture » a augmenté. Bref l’Europe ne fonctionne pas plus mal.

Au niveau politique, les dix nouveaux États membres se sont fondus dans le paysage. Peu à peu, ils ont découvert les subtilités et arcanes du jeu communautaire. Et, comme tous les autres États, plus anciens, ils savent que pour défendre leurs intérêts, il faut avoir des alliés, de préférence de « Grands ». Il n’y a ainsi plus un bloc aussi compact des « Nouveaux » face aux « Anciens ». Mais des positionnements qui obéissent à une position géographique et u une situation économique. La Slovénie est très proche de l‘Autriche dans sa préoccupation environnementale ; la Pologne et la Roumanie défendent la politique agricole commune comme la France ; les Tchèques se montrent d’ardents libéralisateurs du marché, comme les Britanniques, tandis que les Hongrois sont proches d’un modèle social démocrate. Et presque tous luttent pour qu’on ne touche pas aux financements européens, à l’image des Espagnols ou des Grecs.

Sur certains sujets, l’élargissement a même été un élément de renforcement de l’Europe. Ainsi, face à la Russie, les États ex-communistes apportent une réelle valeur ajoutée car ils connaissent mieux que quiconque le double jeu russe. Et sans leur présence, nul doute que l’Europe n’aurait pas pu trouver un positionnement aussi ferme. En outre, leur insistance à sécuriser l’approvisionnement énergétique a été un élément moteur du « paquet climat »., Même en matière militaire, leur présence devient primordiale. Sans la participation des Polonais, au Tchad, l’opération de l’Europe de la Défense des camps de réfugiés n’aurait pas ainsi été possible. A vrai dire, vu les réticences nombreuses des Britanniques, des Néerlandais ou même... des Allemands à la construction européenne, il est plus sûr de compter sur les "nouveaux" Etats membres pour faire l'Europe de la Défense, que sur des "anciens".

Dire que l’Europe fonctionne moins bien du fait de l’élargissement relève donc davantage d’un postulat politicien que de la réalité. Si l’Europe paraît en panne aujourd’hui ce n’est pas la faute des dix nouveaux mais plutôt des anciens qui se chamaillent et n’arrivent plus à faire les pas et les concessions nécessaires. Les sources de blocages sont davantage à chercher à Berlin, La Haye, Londres… ou Paris qu’à Varsovie ou Bucarest.
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