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30 décembre 2004 4 30 /12 /décembre /2004 01:55
12 rue de Genève, un bâtiment de bureau de trois étages assez ordinaire, fait de verre et métal, typique dans cette zone proche de l’aéroport et de l’Otan où siègent de nombreuses entreprises internationales. Nous sommes au siège d’Echo, l’Office européen d’aide humanitaire, qui dépend de la Commission européenne.

Séisme en Asie oblige, l’homme de permanence pour les vacances de Noël, Jean-Claude Heyraud, n’a pas chômé ces derniers jours. Dispersés aux quatre coins de l’Europe pour cause de vacances, qui à Lisbonne, qui en Aveyron, les administrateurs de la cellule de Echo 3, chargée de l’Asie, sont à pied d’œuvre. Notre travail, explique Jorge Pereiro Pinon, responsable du desk Asie du Sud-Est : « évaluer les besoins et préparer les décisions pour attribuer des financements ». Un travail « narratif » qui peut paraître abscons vu l’urgence. Mais très utile. « Il faut bien justifier pourquoi on demande et comment on dépense l’argent public ».

Premier impératif : l’évaluation. Pour cela, la Commission européenne dispose de son réseau de délégations, à New-Delhi et Djakarta par exemple. Mais elle se repose surtout sur l’œil et l’expérience des opérateurs humanitaires présents dans la région. « Des ONGs avec qui nous travaillons depuis longtemps, comme Médecins sans frontières, Caritas ou Handicap international, les Croix-Rouge, ou les organismes des Nations-Unies  — explique Antoine Lemasson, chargé de l’Asie du Sud (Sri-Lanka…). Logique. Ce seront, eux, ensuite qui mèneront les opérations de secours avec l’argent européen. En plusieurs années d’existence, le système est rodé. En cas de crise, Echo peut débloquer tout de suite 3 millions d’euros.

Ensuite, il s’agit, pays par pays ou projet par projet, de justifier toute autre sortie d’argent. Une enveloppe de 30 millions d’euros supplémentaire est aujourd’hui disponible. Mais la souplesse n’est pas absente. « En situation d’urgence, nous pouvons financer les projets rétroactivement, à la date du désastre », détaille Jorge Pereiro Pinon. Ce qui permet aux ONGs de commencer à engager les actions dès qu’elles ont un accord européen. Si nécessaire, d’autres financements peuvent être débloqués avec accord du conseil des ministres européens. Car ces sommes proviennent directement du budget communautaire.

Les aides des Etats membres s’ajoutent à cette ressource. La Commission européenne ne centralise pas en effet toute l’aide européenne, principe de subsidiarité oblige. Mais chacun se tient au courant. Un système, dénommé CIRCA, répertorie moyens et financements que chaque Etat membre met à disposition. Et, au besoin, le téléphone fonctionne entre capitales pour ajuster le tir. Au grand dam apparemment des Américains qui ont, récemment, fait passer un message à Bruxelles « il faudrait moins se faire de la concurrence et davantage se coordonner ». La générosité européenne ferait-elle de l’ombre au géant mondial ?

(article paru dans Ouest-France)
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22 février 2000 2 22 /02 /février /2000 23:19

(paru dans France-Soir, février 2000 - l'Erika s'est échoué sur les cotes bretonnes en décembre 1999)

Trois questions à Margot Wallström, commissaire à l’environnement.

Vous venez de rendre visite en Bretagne aux victimes de la marée noire et des tempêtes, quelle leçon en tirez-vous ?

Nous avons beaucoup appris. C’est important d’apprendre directement des habitants, des volontaires qui, sur place, ont agi pour préserver l’environnement, ce qu’ils ont ressenti, comment ils ont vécu cette catastrophe, de saisir leurs inquiétudes ou leurs colères. J’ai ressenti une réelle préoccupation pour l’avenir de la pêche, par exemple, ou du tourisme. Aussi, avec mon collègue Michel Barnier (commissaire à la politique régionale), nous avons voulu témoigner que la Commission européenne, ce n’est pas seulement une administration qui agit dans des bureaux mais des personnes en chair et en os, qui ont des émotions, et peuvent réagir .

Justement, avez-vous une idée de mesures à prendre ?

Nous avons plus qu’une idée. Tout d’abord, il faut renforcer la sécurité maritime. Dès le mois prochain, en mars, la Commission européenne va publier une communication qui recensera toutes les mesures à prendre. Nous entendons proposer de nouvelles règles en matière de circulation maritime, des normes renforcées pour les navires (double coque par exemple) et des contrôles plus efficaces... D’un autre coté, nous travaillons à établir un principe général de responsabilité environnementale au plan européen. Il faut en effet garantir que, partout en Europe, les pollueurs soient effectivement reconnus responsables des dommages causés à l'environnement. Enfin, nous voulons renforcer nos moyens de protection civile.

Mais, en matière de protection civile, l’Europe n’a pas vraiment de compétences ?

C’est vrai la protection civile n’est pas une compétence entière de l’Union européenne. Ainsi l’unité de la Commission sur la protection civile est très petite et n’a que peu moyens. Nous devons évoluer. Nous pourrions créer un corps européen de protection civile, rassemblant les meilleurs experts et les responsables de chaque pays, qui soient mobilisables plus rapidement et plus facilement. Il faut également pouvoir disposer de certains moyens communs. L’Europe pourrait contribuer, par exemple, comme on nous l’a suggéré en Bretagne, à mettre en place une clinique mobile pour soigner les oiseaux victimes de désastres écologiques. Encore faut-il que les États membres soient d’accord avec cette logique nouvelle. Nous allons faire une proposition au conseil des ministres dans ce sens. Peut-être sous la présidence française...

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20 janvier 2000 4 20 /01 /janvier /2000 22:36
(article publié en février 2000) Pour faire face aux catastrophes naturelles ou industrielles, l’Europe vient d’approuver un programme de coopération en matière de protection civile. Détails

Au moment où deux catastrophes - tempête et marée noire — ont touché la France, le démarrage d’un nouveau programme européen de coopération en matière de protection civile tombe à pic. L’Union européenne a, en effet, approuvé, en décembre, un nouveau programme de protection civile couvrant la période 2000-2004 (1). Objectif : soutenir les États membres dans la prévention des risques de catastrophes naturelle ou technologique. Car, comme l’explique Alessandro Barisich, responsable de l’unité protection civile à la Commission européenne, « Le risque zéro n’existe pas. Les accidents surviennent quel que soit le niveau de contrôle et ne sont pas prévisibles. Il faut donc que les États membres soient préparés à la catastrophe. Et Aristote ne disait-il pas : il est probable que quelque chose d’improbable survienne ».

Ce programme communautaire n'a évidemment pas pour vocation de remplacer les efforts de chaque État en matière de protection civile. L’Union n’en a pas les moyens : ce programme est doté seulement de 1,5 millions d’Euros par an (soit un peu moins de 10 millions de francs) et l’unité de protection civile au sein de la Commission européenne est restreinte (7 personnes, chef d’unité, experts et assistante compris). L’Europe entend donc surtout renforcer les initiatives déjà engagées, au niveau national ou local, et les compléter de manière à les rendre plus efficace. Ce programme se concentre donc sur le degré de préparation des acteurs de la protection civile dans chaque État perfectionner les techniques et méthodes d'intervention, et surtout promouvoir l'information et la sensibilisation du public pour aider les citoyens à se protéger eux-mêmes plus efficacement.

Plusieurs types d’actions peuvent ainsi être financées.

Exemples :

- les projets pilotes « visant à renforcer la capacité d'intervention dans les stades initiaux des crises » (financement à 50% des coûts avec un plafond de 200.000 Euros par projet) ;

- les séminaires, cours de formation et échanges d'experts (financement à 75% des frais de déplacement des experts et jusqu'à 100% des coûts de coordination du système) ;

- des conférences et des manifestations (30% des coûts avec un plafond de 30.000 Euros par projet ;

- la diffusion des informations dans la population (100% des coûts) ;

- la mise à disposition d’experts en cas de catastrophes (2).

Ce programme devrait prochainement être complété. Un « programme-cadre de coopération en cas de pollution maritime accidentel ou intentionnel », initié il y a un an, est en cours d’élaboration. Les récentes catastrophes, en France notamment mais aussi en Grèce (tremblement de terre), ont démontré l’importance de la coordination des moyens de sécurité civile en Europe face aux catastrophes. Il est donc probable que dans la prochaine discussion budgétaire, si les gouvernement des États membres sont d’accord, l’Europe dispose de moyens renforcés dans ces domaines.

---

(1) Il prend le relais du précédent programme qui couvrait la période 1998-1999.

(2) En revanche, l’Union européenne ne peut plus attribuer de secours directement. Dans le passé il y a eu une ligne budgétaire “aide d’urgence secours technologiques” qui était plus symbolique que réelle. Appliquant le principe de subsidiarité, le Parlement a en 1996 supprimé cette ligne budgétaire qui ne disposait que de peu de financements.

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Bruxelles2 en quelques mots

Derrière les murs, la politique (européenne) des affaires étrangères (PESC), de sécurité et de défense commune (PeSDC) est décryptée. Stratégie, politique, gestion de crises, industrie ou transport aérien militaire, surveillance maritime et protection civile...Missions militaires et civiles de l'UE (Bosnie-Herzégovine, Kosovo, Géorgie, Moldavie / Ukraine, Afghanistan, Irak, Palestine, Congo RDC, Guinée-Bissau, Haïti, Océan indien, Somalie, Tchad).

logo_ouestfrancefr.pngL'éditeur : Nicolas Gros-Verheyde. Journaliste, correspondant "Affaires européennes" du premier quotidien régional français Ouest-France après avoir été celui de France-Soir. Spécialiste "défense-sécurité". Quelques détails bios et sources.